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 Rapport de Voyage d'IXO/note sur les coutumes de Codée

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Wensaïlie
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MessageSujet: Rapport de Voyage d'IXO/note sur les coutumes de Codée   Rapport de Voyage d'IXO/note sur les coutumes de Codée Icon_minitimeLun 3 Mai - 21:13

ceci est une note de Codée. en allant en voyage chez les Elfes je me suis rendu conte de quelque chose: un garçon fort beau et courtisé de toutes part par des jeunes filles plus superbes les unes que les autres se promenait tranquilement dans les rues de Lucialës, la capitale des Elfes. tous les jours il passaient devant moi, méditant sur un banc à l'ombre d'un sapin vieux de quelques milliards d'années. moi aussi, j'admirait ce garçon. il semblait juste, loyale, courageux. mais de cela on se moque. il était célibataire, malgrè le nombre incalculable de jeunes filles pendues à ses pieds. avant je m'était étonné d'un telle chose. mais maintenant je comprend le vrai sens de l'affaire. ce n'est pas parce qu'une centaine de filles lui tournait autour qu'il devait forcément en choisir parmis elles, je le saais et pourtant je m'étonnais de l'affaire. et puis un jour, il sortit de sa maison, comme à son habitude, pour allé faire un tour dans la Capitale. a nouveau, quand il sortit devant moi, je ne pu m'enmpêcher d'admirer la magnifissence de ses traits. je remarquais alors que ces cheveux d'ordinaires lachés n'étaient pas tout a fait comme les autres jours: une mèche, à droite, juste un peu au dessus de son oreille avait était tréssée en une natte parfaite et délicate. aussitôt je vit les rodeuses s'en aller d'un pas très digne voir ailleur si il y était. je ne compri pas comment est ce que, par le simple fait qu'il avait une resse dans ses cheveux, toutes les jeunes filles pleins d'espoir qui lui tournaient autour s'en allait comme ça. intrigué et titillait par ma curiosité naturelle je m'en allait voir une amie à laquelle je n'avait pas peur de poser cette question sans me couvrir de ridicul.
-pourquoi ces jeunes filles ont elles toutes renoncées? demaidais-je après avoir racontai ma petite histoire.
- il est une coutume chez nous que les hommes ayant trouvés une amoureuse se fasse tresser une mèche de cheveux par celle ci. comme ça les autres concubines savent si c'est elles ou non que l'elfe aime. tu comprend?
- oui, par exemple si j'aime une fille, je lui demande de me tresser une mèche de cheveux...
- ou la fille te demande de le faire.
- et après si d'autre voulait être avec moi elles laissent tomber. parce qu'elles savent que je suis prit mais pas par elles.
- tu as tout compris.

finalement au fil que mon séjour se prolongeait je remarquait ces tresses chez plusieurs autres individus.


PS de Sophie: moi j'ai fait celle d'Alahm

PS, de WEN : et moi celle de EHL




IXO raconte (parfois) des belles histoires, mais il ne sait pas écrire WEN

n'importe quoi!!!!SOPHIE-outrée et toute rouge.


(tiré de http://wenmandaniel.spaces.live.com/?_c11_BlogPart_BlogPart=blogview&_c=BlogPart&partqs=cat%3dIXO

n'essayez pas de comprendre le triplet de personnages...)
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MessageSujet: Re: Rapport de Voyage d'IXO/note sur les coutumes de Codée   Rapport de Voyage d'IXO/note sur les coutumes de Codée Icon_minitimeLun 3 Mai - 21:14

Et comme nos AFAFAPIS sont en vacances prolongées, je me permet de mettre le commentaire qu'elles avaient fait sur le moment:

Fir : Une tresse, dis-tu ?! Peuh ! Chez les dragonnautes, ce n'est pas une tresse que l'homme se fait faire ! Il doit se faire arracher l'auriculaire de la main gauche par le dragonj de sa bien aimée !
PS : ne me demandez pas comment ça se passe quand il n'en est pas à sa première aventure...

Ann : je tiens à préciser, au cas ou, que Firarwen plaisante...
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MessageSujet: Re: Rapport de Voyage d'IXO/note sur les coutumes de Codée   Rapport de Voyage d'IXO/note sur les coutumes de Codée Icon_minitimeLun 3 Mai - 21:24

Si j'ai repêché ce vieille article, c'est pour mieux introduire celui-ci:

La famille chez les Elfes (deuxième rapport de voyage d’Ixo en Ithilîle)

Note : le premier rapport était sur ces étranges tresses que l’on peut voir parfois chez les Elfes…


La famille chez les Elfes, c’est un peu comme la pyramide de pouvoir… elle n’existe pas.
Nuançons ses paroles. La famille existe bien sûr chez les Elfes, ils reconnaissent bien les liens de sang entre deux personnes, enfants et parents, frères et sœurs. Cependant, les adoptions ne sont pas rares, et leur motif sont plus que nombreux. Et puis le plus important, c’est surtout de comprendre qu’en vérité la famille ne s’astreint pas au lien du sang. En effet les amis sont facilement considérés comme de la famille proche, tandis que les maîtres que les enfants ont pendant leur enfance, ainsi que les connaissances qu’ils font pendant leur vie, sont considérés aussi comme leur famille (pour peu qu’ils s’y soient attachés) mais plus éloignés (ce qui pour nous serais des oncles que l’on voit rarement, et des cousins lointains).
Concernant les adoptions. Un couple (ou une famille) peut adopter un enfant qu’il affectionne beaucoup, cela donne le droit à l’enfant adopté de porter le blason de ses parents adoptifs. Il n’est pas rare qu’un couple se retrouve avec un enfant mais n’ait pas la possibilité de l’élever (pour des raisons ultra top secrètes, ou plus simplement lorsqu’ils s’agit de guerriers ou de personnes ayant des métiers à risques). Dans ce cas l’enfant est confié à une famille d’accueil. Les parents et la famille se mettent d’accord, la vérité peut-être révélée ou pas à l’enfant. Dans les cas les plus banal (adoption à cause d’un métier incompatible) l’enfant est souvent tout de suite mit au courant, et ses parents naturels viennent lui rendent visite le plus souvent qu’ils peuvent.
Pour avoir un exemple moins courant d’adoption ce référer aux chroniques de l’Ithilîle quand elles existeront.
La conclusion de l’affaire, c’est que les Elfes ont une beaucoup plus grand famille que nous !!
lol!
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MessageSujet: Re: Rapport de Voyage d'IXO/note sur les coutumes de Codée   Rapport de Voyage d'IXO/note sur les coutumes de Codée Icon_minitimeMer 7 Nov - 13:00

Ixo a ramené quelques pages d'un manuscrit lors de son dernier voyage...

Chapitre 1 : La naissance de Wen,
Ehl


Je me souviendrais toujours de ce jour.
Je pourrais décrire le temps qu’il faisait, le ciel sans nuage, le Soleil doux du début de Saison Calme, et l’air froid, toujours plus froid. Mais en vérité y prêtais-je attention à l’époque ?
Je pourrais décrire les rires de mes camarades de jeu, les cachettes que nous trouvions pour échapper aux parents, les règles subtiles de nos passe-temps… mais en vérité cela non comptais pas vraiment non plus. On ne se délecte de ses moments précieux qu’après. Lorsqu’on les a perdus.
Nous vivions juste au jour le jour. Mais pas insouciants, comme on le dit trop souvent des jeunes personnes. Nous sentions les adultes inquiets. Les enfants savent, ils savent toujours, ils ne connaissent juste pas les mots pour s’exprimer. Cela faisait des semaines que les regards de grands s’assombrissaient et dans nos cœurs l’ombre grandissait aussi. Mais il est du devoir des enfants de ne pas s’inquiéter et d’apporter le sourire aux adultes. Que pouvions-nous faire d’autre ?
Je me souviens que nous allions gagner lorsque mon père à fait irruption sur l’air de jeu. De tous les adultes, il était celui qui avait encore les yeux les plus rayonnants. Nous nous faisions fréquemment la remarque avec Nerth. Et nous étions plutôt fiers. Notre père, le dernier à rayonner au milieu de l’ombre, le phare qui rassemblait autour de lui les bateaux perdus.
D’habitude, lorsque Naïus arrivait quelque part, les activités ne s’interrompaient pas. Tout le monde avait conscience de sa présence – comme le manquer, mais nous sommes des Elfes, pas des Humains, et nous n’éprouvons pas le besoin d’exprimer avec ostension notre respect pour nos dirigeants dès qu’ils se présentent. Ils savent. Nous savons. Il est difficile chez les Elfes de cacher ce que l’on ressent aux autres.
C’est peut-être pour ça que ce jour là, lorsque Naïus entra sur l’air de jeu, toutes les discussions cessèrent, les cris restèrent dans les gorges et les mouvements s’éteignirent tranquillement. Plus personne ne courrait, ne sautait ou ne se cachait. Les adultes qui nous surveillaient s’étaient levés. Quelque chose d’important se passait. D’habitude, lorsque Naïus arrivait quelque part, les activités de s’interrompait pas. D’habitude. Mais ce jour-là n’était pas d’habitude, d’ailleurs il n’y aurait plus jamais d’habitude. De ce jour où j’ai connu Wen, il n’y eu plus jamais d’habitude. De ce jour-là à aujourd’hui, que j’écris ces lignes alors qu’elle est partie…

Chapitre 1

— Je suis désolé, mais je n’y parviendrais pas.
Seiren sourit avec bienveillance, mais son cœur se serra en lisant la douleur sur le visage d’Ehl. L’Ange comprenait parfaitement ce que l’Elfe pouvait ressentir.
— D’abord parce que je ne suis jamais satisfait de tout ce que je peux écrire sur… Wen. C’est tellement…
— Différent ?
Ehl hocha la tête.
— Sans couleur, ajouta-t-il dans un murmure.
Seiren ne savait pas quoi dire. Il comprenait la douleur du dirigeant. Il la partageait même. Il avait bien connu la Princesse et cette perte, cette situation, ne lui rappelait que trop la sienne, quelques années plus tôt, après qu’il ait perdu ses deux amis.
— Et puis ça fait trop mal, termina Ehl. Je…
L’Ange observa avec peine l’Elfe. Il avait les larmes aux yeux, la gorge obstruée par le chagrin. Il faisait des efforts pour rester droit et continuer à remplir son nouveau rôle de Roi de l’Ithilîle. Mais il ne tentait pas de cacher son chagrin. Cela n’aurait servit à rien de toute façon. Tout le monde connaissait la profondeur des sentiments qui unissaient Wen et Ehl depuis des années. Ehl était dévasté par cette perte. A sa place qui ne l’aurait pas été ?


Chapitre 2 : La naissance de Wen
Seiren


Ce jour-là, lorsque Naïus arriva sur l’aire de jeu, tous les rires se turent et chacun se tourna vers lui. Il était suivi de trois Poètes, deux messagers Elfes et deus messagers Humains. Le Maître Dominus portait sa longue robe mauve, ornée de broderies abstraites qui rappelaient à qui les regardait les anciennes formes de l’écriture des Elfes, celles qu’ils utilisaient lors de leur arrivée sur Codée. Les messagers derrière lui avaient des mines sombres. Ehl était jeune, mais il reconnut sans difficulté le blason et les couleurs qu’ils portaient. La fleur brodée sur leur cœur ne trompait pas, ils venaient d’Ithilîle, la patrie mère des Elfes.
— Que se passe-t-il ? murmura Nerth à l’oreille de son frère.
Son jumeau répondit par un haussement d’épaule. Il n’en savait rien. Nerth avait de toute façon posé la question pour libérer la tension qui les habitait tous les deux. Lorsque leur père était arrivait, la première chose qui les avait marqué, c’était son regard. Son regard enfin sombre comme celui des autres adultes. Et en même temps plein d’espoir.



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MessageSujet: Re: Rapport de Voyage d'IXO/note sur les coutumes de Codée   Rapport de Voyage d'IXO/note sur les coutumes de Codée Icon_minitimeLun 26 Nov - 19:51

Ixo vient de trouver une nouvelle page

- Mais d’abord, comment pouviez savoir que les gobelins avanceraient ?
Les yeux de Wen virèrent blancs, j’étais derrière elle mais je n’avais pas besoin de le voir pour le savoir, et une aura sombre se dégagea soudainement autour d’elle. Je vis avec inquiétude les meubles de la salle de réunion se mettre à léviter en oscillant. Je jetais un regard réprobateur à Kim, là, il en faisait trop. L’œil unique du Poète s’illumina d’agacement.
Non, pour une fois ce n’est pas moi !
Je me tournais alors vers Wen, me retenant difficilement d’ouvrir stupidement la bouche.
- Ecoutez, dit-elle d’une voix implacable, combien de temps comptez-vous encore mettre cette ville en danger à cause de votre stupidité ?
- Wen… tenta Naïus.
- Non ! Qu’on mette les choses au clair une bonne fois pour toute. Qu’est-ce qui vous dérange exactement Général ? Qu’une étrangère vienne vous apprendre votre métier ?
- Wen ! s’exclama Naïus outré.
- Ou bien qu’une femme qui paraisse plus jeune que vous en sache d’avantage sur les tactiques de l’ennemi ?
Le Général s’apprêtait à répondre, mais Wen le prit de court :
- Si vous ne voulez pas de mon aide, ça ne me dérange pas le moins du monde. Mais dites le moi rapidement, que je cesse de perdre mon temps à réfléchir pour rien. Je connais de nombreuses autres personnes qui seraient ravies de me voir à leurs côtés !
- Wen, calme-toi ! tentais-je en posant ma main sur son épaule.
La Poésie qui avait soulevé les meubles commençait à crépiter et devenir apparente. D’un bleu sombre, comme un ciel d’orage en pleine mer. Si je n’avais pas eu si peur, j’aurais été impressionné. Et pour une fois j’étais plutôt content que Wen est gardé le lien fermé entre nous, je n’aurais pas aimé partager cette colère là.
- J’en ai assez de me casser la tête à vous garder en vie alors que vous faites tout pour mourir le plus rapidement possible. Je ne cherche pas de la reconnaissance, ni même de l’aide si vous êtes lâche à ce point…
Kim oublia d’étouffer le rire qui lui vint en entendant ces mots, ce qui m’aurait agacé si je n’avais pas été autant focalisé sur mon amie, dont l’aura s’assombrissait encore et commençait à me brûler légèrement.
- Wen ça suffit, essaya encore une fois Naïus.
- … Mais au moins que vous me laissiez faire sans m’embarrasser de vos remarques inutiles qui ne font que refléter votre peur…
Wen …
- … votre absence de jugement…
tu devrais peut-être…
- … et votre incompétence professionnelle !
t’arrêter là !
Je la sentis soudain faiblir et me dépêchais de passer mes mains sur sa taille pour la retenir. Ses jambes tremblaient.
— Est-ce que ça va ? s’inquiéta Kim en s’approchant.
Je le regardais, puis me tournais vers Wen, mais j’étais dans son dos et je ne pouvais rien voir de ses expressions. Elle secoua la tête doucement puis fut prise d’une quinte de toux. Les meubles retombèrent au sol dans un vacarme surprenant, alors que l’aura qui entourait Wen s’estompait jusqu’à disparaître. Je soupirais intérieurement de soulagement mais mon inquiétude revint vite lorsque je sentis puis vis Wen se plier en deux, incapable de reprendre sa respiration. Je la sentais toujours en colère, mais aussi légèrement paniquée. Sans doute se rendait-elle compte de ce qu’elle venait de faire. Libérer de la Poésie. Même si c’était sous la pulsion de sa colère, même si c’était incontrôlé… comment avait-elle fait ?
Ca va aller, lui murmurais-je. Ca va aller.
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MessageSujet: Re: Rapport de Voyage d'IXO/note sur les coutumes de Codée   Rapport de Voyage d'IXO/note sur les coutumes de Codée Icon_minitimeMar 25 Déc - 10:18

Suite du chapitre 2
Seiren


Naïus s’approcha de ses fils et se baissa à leur hauteur afin de leur parler :
— Mes enfants, j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle à vous annoncer.
Les jumeaux attendirent la suite patiemment. Ils sentaient que l’instant était grave.
— La fille du Roi Mil est née tout à l’heure. Sa mère est morte en couches.
Ehl et Nerth sentirent leur cœur se serrer. Naïus et Mil étaient de proches amis. Ils s’étaient donc souvent rendus en Ithilîle, et la Reine des Elfes avait toujours témoigné beaucoup d’attention pour eux. Ils se rapprochèrent de leur père qui les prit dans ses bras. Ils partageaient leur tristesse.
— Les Prêtres ont annoncés une prophétie concernant l’enfant, repris Naïus en s’écartant. Il paraît qu’il nous sortira de l’Obscur… cependant ils ne veulent pas que la nouvelle se répande, car visiblement… Enfin, c’est compliqué. La Princesse sera quelqu’un de très important dans le futur. Je dois me rendre en Ithilîle, voulez-vous m’accompagner ?
Les deux enfants se consultèrent du regard l’un l’autre. Nerth semblait hésitant. Ehl sentait en lui un sentiment étrange naître. Comme si les paroles de son père faisaient écho à quelque chose qu’il savait déjà. Un sentiment qui le poussait à dire oui. Alors qu’habituellement, ils étaient toujours du même avis, ce jour-là, ils sentirent quelque chose se rompre entre eux.
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MessageSujet: Re: Rapport de Voyage d'IXO/note sur les coutumes de Codée   Rapport de Voyage d'IXO/note sur les coutumes de Codée Icon_minitimeMar 25 Déc - 10:19

Chapitre : ravitaillement
Seiren


Quelques mois après la naissance de Maxime, Wen entraîne des volontaires pour défendre la citée lorsque les Orcs attaqueront. Elle rencontre de grandes difficultés face aux Généraux de Mirîle qui refusent de lui faire confiance. Elle et ses troupes son uniquement chargés d’escorter des convois de ravitaillement, en préparation du siège de la citée.

— Rien à signaler, reporta Kim. Ni à l’est, ni à l’ouest. Les Orcs n’osent pas encore s’aventurer dans la forêt.
— La brume les effraie, expliqua le chef du convoi, ils pensent que ce sont les Sept qui la créaient pour cacher leur venue sur l’Île.
Wen étouffa son rire dans l’écharpe de laine qui lui protégeait le visage.
— Je doute que les Sept viennent nous rendre visite chaque fois que la brume se répand. Sinon nous n’en serions sûrement pas là.
— Ils nous testent. C’est à nous de sortir de cette épreuve. Par nos propres forces. Ils ne sont pas là pour nous garantir une vie sans souci. Juste pour veiller sur l’équilibre de ce monde.
Wen se retint de faire remarquer qu’elle ne voyait pas où était l’équilibre dans leur situation actuelle : les Orcs étaient partout. Pillaient, brûlaient, détruisaient. Tuaient. Et eux, regroupés à Mirîle, à suivre les ordres de Généraux aussi lâches que faibles d’esprit, à courir à leur perte… Mais si le chef de convoi était croyant, argumenter ne servirait à rien.
— Où nous rendons-nous exactement ? s’enquit la Princesse afin de changer de sujet.
— Au plus profond des montagnes.
— Chercher quoi ?
— De l’eau de source sanctifiée par les Sept ! se moqua Kim.
Il eut droit à un regard assassin du chef de convoi. Wen aurait fait de même si elle n’avait pas su à quel point cela faisait plaisir à son ami borgne de voir les gens s’offusquer de ses moqueries, au goût parfois très douteux.
— De nombreuses ressources se trouvent là-bas. Vous verrez lorsque nous y seront, déclara énigmatiquement le chef de convoi.
— Y a-t-il au moins une information que vous pourriez nous révéler ? s’enquit Wen.
Depuis leur départ de l’atelier, l’Elfe qui dirigeait leur petite caravane éludait toutes ses questions concernant leur destination et ce qu’ils allaient y faire.
— Sûrement. Si vous cessez de me poser des questions auxquelles je ne peux répondre.
— Votre nom ?
— Ajdel.
Il était facile de comprendre que le caravanier ne souhaitait plus discuter. Wen laissa sa jument se faire distancer par le chariot de tête puis, suivie de Kim, ils s’éloignèrent de la caravane pour inspecter leurs troupes.
Pour cette mission, Naïus avait insisté pour que la Princesse ne choisisse que les meilleurs de ses soldats, et surtout ceux en lesquels elle avait le plus confiance. La sélection avait été vite faite. De plus, le Maître Scribe Dominus avait assuré que la mission était sans danger. Ils n’avaient que trois chariots à escorter et dans la forêt les Orcs se montraient peu hardis, lorsqu’ils trouvaient le courage de s’y rendre.
Wen avait saisi l’occasion pour vérifier quelques pressentiments qu’elle avait sur certains de ses guerriers. Ils profitaient donc de ce voyage pour simuler de petits exercices d’attaques, les uns contre les autres, ou bien réaliser des exercices de survie. Parmi les dix soldats sur lesquels son choix avait porté, elle pensé réussir à faire naître trois vrais Pisteurs et deux Soigneurs Herboristes. Les cinq derniers présentaient simplement un don extraordinaire pour le combat. Une sorte d’instinct naturel qui leur permettait de pressentir entièrement leur environnement et de s’imprégner des rythmes des combats facilement, ce qui les rendait incroyablement dangereux : il était impossible d’éviter leurs coups et impensable de parvenir les toucher.
Alors qu’ils chevauchaient tranquillement pour rejoindre Malid, l’un des deux futurs Soigneurs, Wen prit la parole :
— Depuis quelques heures, je me sens étrangement bien.
— Parce que tu retrouves un environnement familier ? La forêt te manquait ? De t’éloigner des Généraux stupides ?
Inutile de relever cette dernière phrase.
— Non. C’est autre chose. De plus diffus. Comme… comme si je sentais à nouveau la Poésie. Mais ça ne me blesse pas. Plus on avance et plus c’est puissant…
— Je n’ai rien ressenti de spécial. C’est peut-être à cause de ce qu’il s’est passé la semaine dernière…
Wen fit la moue. Elle n’avait pas envie de reparler de ça ! Elle savait qu’elle ne devait pas laisser à nouveau son pouvoir s’échapper ainsi, sur un coup de colère. D’abord elle ne l’avait pas fait exprès, et ensuite le contrecoup avait été si terrible qu’elle s’en souviendrait encore longtemps. Et pourtant… elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’avant la naissance d’Athanaël, si une telle chose c’était produite, elle en serait morte. Autrement dit, grâce à cet enfant, un nouveau lien c’était créé entre elle et ce pouvoir du Songe. Avec du temps, de la patience et de l’entraînement, elle était certaine de pouvoir réussir à se rouvrir complètement à la Poésie. Elle ne pourrait sans doute jamais l’utiliser comme avant son accident, mais elle ne perdait pas espoir.
— Tu ne sens peut-être rien parce que tu es toujours en contact avec elle. Moi, je n’en ai plus l’habitude. C’est réellement infime. Peut-être que pour quelqu’un comme toi, habité par la Poésie, ça reste imperceptible.
Peu satisfait d’être potentiellement passé à côté de quelque chose d’intéressant concernant la Poésie, Kim plissa les yeux quelques secondes. Ses épaules s’affaissèrent. Un instant, il se voûta légèrement, comme s’il souffrait, puis il se retint droit et souriant. Il venait de fermer son lien avec la Poésie et de le rouvrir.
— Tu as raison, il y a bien quelque chose… murmura-t-il. C’est très diffus… Comme si c’était dans la brume !
— Les Sept sont peut-être vraiment là.
— Et moi je suis un Dolinge !
— Tu aurais l’air malin si c’était le cas…
— Je pensais que tu ne croyais pas aux Sept ?
— Je sais qu’ils existent. Mais je ne suis pas certaine que nos prièrent les atteignent vraiment.
— A quoi servent-ils si ce n’est exercer nos prières ?
— Justement, à quoi servent-ils à présent qu’ils ne le font plus ?
— Je ne suis pas certain de te suivre.
— C’est une théorie que j’ai… tu l’as senti ?
Kim hocha la tête. La Poésie qui était diluée dans l’air venait de se faire plus dense. Wen semblait surexcitée sur sa jument.
— J’ai compris ! s’exclama-t-elle. Comment ais-je pu oublier !
— Wen ?
— Rassemble les soldats autour des chariots, nous sommes bientôt arrivés et il nous faut à présent rester grouper. Ce n’est pas le moment de se perdre dans la brume.
— Surtout si les Sept s’y cachent !
Wen ne répondit pas et pressa légèrement ses genoux contre les flancs de sa jument.
— Mais toi tu vas où ? s’exclama Kim en la voyant disparaître au milieu des flots blancs cotonneux.
— On se retrouvera là-bas !
Le Poète vit la silhouette de son amie s’évanouir, un air ahuri sur le visage. Mais que ce passai-t-il exactement ? Wen semblait soudain heureuse, impatiente. Comme une enfant qui attendrait d’ouvrir un cadeau… En grognant, il réunit les dix soldats qui montaient la garde autour du convoi et ils firent route directement derrière les charriots. Ajdel ne demanda même pas où se trouvait Wen… peut-être savait-il ?

Chapitre : ravitaillement OU comment Wen disparaît
Carnet de notes de Kim


Parfois. Quand-même. Il y a des choses. Que je ne comprends pas.

Chapitre : ravitaillement
Lettre de Wen


L’appel se faisait pressant, comme s’il s’adressait à moi en particulier. C’était pour le moins étrange, je n’avais jamais ressentie la Poésie ainsi. Cela faisait longtemps que je n’avais pas eu de vrai contact avec elle, mais je me souvenais tout de même de l’intensité de nos échanges et de cette étrange puissance, qui me faisait parfois même peur, qu’elle me procurait lorsque nous œuvrions ensemble. Là c’était toute autre chose. Comme si je m’étais perdue dans un nuage de Poésie. Elle vivait son chemin, je la sentais s’infiltrer dans les racines des arbres et remonter jusque dans leurs feuilles, elle titillait les fleurs et les poussait à grandir encore, à se faire plus belle encore… plus j’avançais, plus la végétation se faisait riche et colorée, surprenante, dépaysante… j’avais l’impression d’entrer dans la gravure d’un livre pour enfants. La végétation du Mirîle, sobre et élégante, essentiellement faite de conifères, de fougères et de mousses, de fleurs basses et à peine colorées, s’était soudainement transformée en une flore bariolée qui m’était totalement inconnue. J’hésitais à effleurer chaque fleur, chaque branche d’arbre que se trouvait à porter de ma main, de peur de la voir se dissoudre – et si je rêvais ? – ou bien même de la voir se transformer… à vrai dire je ne sais pas trop à quoi je m’attendais, mais il était certain que j’étais retourné en enfance. Je savais que tout ce que je voyais et sentais était vrai, mais cela semblait tellement irréel que j’aurais aussi bien pu l’imaginer de toutes pièces.
J’avançais à l’instinct, guidée par une force invisible, au milieu de cette végétation luxuriante. Et soudain je me retrouvais face à une grotte. Je n’avais jamais eu beaucoup d’affinité avec les souterrains. Pourtant là je n’hésitais pas une seconde. Aux abords de la caverne, la végétation se faisait encore plus dense, empêchant jusqu’aux rayons du Soleil de passer, même si à présent il ne devait pas être loin de la midi. Mais cela ne créait en rien une obscurité gênante : les plantes produisaient leur propre lumière, légèrement verte-dorée, et en quantité suffisante pour voir où l’on avançait – même si nous autres Elfes n’avons pas besoin de lumière pour nous guider dans le noir, nous l’apprécions. Les plantes prenaient des teintes cuivrées, et j’avais à présent l’impression d’avancer dans une forêt forgée par le plus habile des forgerons Nains.
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MessageSujet: Re: Rapport de Voyage d'IXO/note sur les coutumes de Codée   Rapport de Voyage d'IXO/note sur les coutumes de Codée Icon_minitimeMar 25 Déc - 16:15

Dans la grotte, des mousses carmines, mordorées et oranges pâles éclairaient la pierre brute, mettant en avant les cristaux blancs et émeraudes qui y étaient incrustés. Je passais ma main sur la roche. Elle était douce. La caverne s’avéra être un petit tunnel et il me suffit de quelques minutes pour le traverser. J’aurais aimé y rester plus longtemps, pour continuer d’admirer les reflets des cristaux, mais la force mystérieuse qui m’avait guidée jusque là se fit soudainement plus pressante. Et je passais le pas du tunnel, éblouie par la lumière.
Je restais un moment immobile sur le seuil de pierre où je me trouvais, en surplomb d’une immense vallée. J’écarquillais les yeux, incrédule. La Vallée de l’Homme. J’en avais entendu parler, comme tout Elfe. Presque toutes les légendes pour enfants de Mîrile se passaient dans cette Vallée. Et je me souvenais encore des histoires qu’Ehl me racontait lorsque nous étions plus jeunes. De ses yeux brillants lorsqu’il décrivait ce que j’avais à présent sous les yeux.
A ma droite descendait un escalier taillé dans la paroi rocheuse. Il était large et son emmarchement facile. Au pied de l’escalier se trouvait un petit bosquet de hêtre, puis un chemin partait dans la vallée à la découverte de tout ce qui s’y trouvait. La Vallée était une cuvette naturelle, entourée de hautes montagnes aux sommets enneigés. Seul un pic se différenciait des autres : plus large et plus plat, des filets de fumées s’en détachaient. Un volcan. Le Volcan. Que les habitants de la Vallée nommaient l’Homme. D’où le nom… la Vallée de l’Homme. Au pied du volcan, une épaisse forêt, d’arbres aux essences qui m’étaient inconnues mais qui ressemblaient grandement à des chênes ou des tilleul. De minces doigts de brume étaient accrochés aux cimes des arbres. Quelques oiseaux sombres survolaient cette mer de verdure, qui me paraissait que peu accueillante. Inquiétante même. C’était le seul point sombre de la vallée. En face de la Forêt Sombre s’en trouvait une autre, tout aussi luxuriante mais plus claire. Je crus apercevoir quelques scintillants aux pieds des arbres… des Fées sûrement. Je pouvais tout aussi bien rêver. J’avais entendu tellement d’histoires sur ce lieu qu’il m’était facile de penser voir ce qu’il y avait à voir… D’après les pouvoirs qu’on leur prêtait, ça ne m’aurait cependant pas étonnée que les Fées aient déjà sentie ma présence dans la vallée, même si je n’avais fait qu’à peine un pas à l’intérieur. Entre la Forêt Sombre et la Forêt Claire, un long ruban argenté, scintillant au Soleil à son zénith, traversait la Vallée. Il prenait sa source dans la plus haute montagne qui entourait cette cuvette et coulait jusqu’à se perdre au pied de la falaise sur laquelle je me trouvais. Au milieu du fleuve se trouvait une île. Une tour élégante y était construite, haute et d’un blanc éclatant. Son pied était droit, fin et élancé, et se terminait, si haut que j’avais du mal à juger de la distance, par une sorte de bouton de fleur en train d’éclore, finement sculpté dans ce matériaux blanc qui constituait toute la tour mais que je n’arrivais pas à nommer. J’apercevais, au milieu des reflets nacrés, des éclats de lumière plus vifs, témoignant de la présence d’ouvertures vitrées. Magnifique, exactement comme je me l’étais toujours imaginée. Un peu plus loin, se trouvait un immense lac. Le Lac aux Milles Reflets, dans lequel qui savait correctement regarder pouvait apercevoir le passé, le présent ou même le futur. Le fond du lac était tapissé, d’après la légende, de sable d’or et d’une fine poudre de joyaux. Des Sirènes y habitaient – de vrais Sirènes, pas les créatures hybrides créées après l’arrivée des Hommes sur Codée qui peuplaient à présent nos rivières. Des Sirènes et bien d’autres créatures, dont le nom avait été perdu au fils des ans. Je me surpris presque à m’étonner de voir, à quelques pas de la rive du lac la plus proche de moi, le Vieux Chêne. Grand comme les arbres de l’Ithilîle, aussi gros que la tour de la Reine au milieu de la Vallée, point vert majestueux au milieu de la Vallée, je me sentis irrémédiablement attirée par lui. Etait-ce lui qui m’avait appelée ? Devant lui, une allée bordée d’arbres de toutes sortes : bouleaux, sapins… et tous s’agitaient de droite à gauche, d’avant en arrière, alors qu’aucun vent ne soufflait dans la vallée. Les Papoteurs. Des arbres qui parlaient et discutaient sans cesse entre eux. Et le Vieux Chêne était en quelques sortes leur père, leur maître et leur gardien. On disait qu’il avait la sagesse de tout Codée en lui, et la Reine de la Vallée venait souvent lui demander conseil. Soudain, de la Forêt Claire, un nuage d’oiseaux aux couleurs étincelantes prit son envol, et je vis surgir de l’orée du bois un troupeau de Centaures – encore une fois des vrais Centaures, pas les quelques hybrides qui se cachaient sur Codée pour éviter les Hommes. Je sentis des larmes me monter aux yeux. Ce départ des Centaures sembla être une sorte de signal et la Vallée s’anima soudainement sous mes yeux. Les Sirènes du Lac s’égaillèrent et se lancèrent dans un ballet majestueux, éclaboussant les Papoteurs qui s’insurgèrent et se mirent à secouer furieusement leurs branches. Des créatures qui m’étaient familières – écureuils, loups, cerfs… – et d’autres que je ne pouvais nommer, mais que je savais être les premiers habitants de Codée, sortirent de leurs habitats, des terriers, des bois et se mirent à jouer ou se promener dans l’herbe grasse qui tapissait toute la Vallée. Les Proies ne semblaient pas inquiètes de la présence des Chasseurs. Et ceux-ci observaient avec un air presque attendrit la Vallée qu’ils habitaient prendre vie. J’entendis un grondement rauque se réverbérer dans les montagnes – sur certains pans de pierre, des flots de neige coulèrent. Puis un flap-flap puissant retentit et je vis, au loin, des ailes immenses s’agiter par delà les cols. Des Dragons du Ciel. Ils planèrent un instant au dessus de l’Homme, puis piquèrent dans le creux d’une autre vallée et disparurent de ma vue. Mais j’étais certaine, pour cela au moins, de ne pas avoir rêvée.
Je repris soudain mes esprits. J’avais la bouche ouverte de stupeur et d’émerveillement et j’avais presque mal aux yeux d’avoir trop regardé le spectacle qui s’offrait à moi. Excitée comme une enfant, je dévalais l’escalier de pierre qui descendait le long de la paroi rocheuse à ma gauche jusqu’au lit du fleuve en contrebas. Je trébuchais sur la dernière marche – je pense que je l’ai fait exprès – et me laissais tomber dans l’herbe qui me semblait plus accueillante que n’importe quel lit dans lequel j’avais dormi depuis ma naissance. Je me laissais rouler sur la terre fraîche et riait en sentant les brins de verdure me chatouiller les joues et les mains. Finalement je m’arrêtais, sur le dos, les bras et les mains grands ouverts, comme si je souhaitais accueillir en moi le plus possible de cet endroit. Je sentais le Soleil me réchauffer, et j’entendais les bruits des animaux autour de moi qui continuaient leur vie comme si je n’avais pas interrompue leurs petites habitudes – les animaux de cette Vallée parlaient tous, et ils étaient aussi intelligents si ce n’était plus que n’importe quel Humain de Codée. Je me demandais s’ils avaient l’habitude d’avoir de tels visiteurs, ou bien si je leur paraissais complètement folle. Mais la réponse ne m’importait guère – en fait je ne pense même pas avoir vraiment réfléchit à cela sur le moment. Ma poitrine se soulevait rapidement et l’air qui entrait dans mes poumons me semblait tellement délicieux que je ne souhaitais pas retrouver un rythme cardiaque normal. Je fermais les yeux. Enchantée de me retrouver là.
Je les rouvris lorsque je sentis un petit chatouillement sur mon index, que je n’identifiais pas vraiment comme celui d’un insecte grimpant sur ma peau. Je tournais lentement la tête vers mon doigt et souris.
— Que votre lumière scintille ! s’exclama la petite Fée qui s’était posée sur ma main d’une voix que j’entendis à peine.
— Et la votre aussi, répondis-je dans un murmure.
La Fée agita sa main au dessus de sa tête avant de reprendre la parole, et lorsqu’elle parla sa voix me parvint normalement, comme si elle avait été de ma stature.
— Que faites-vous là ? demanda-t-elle.
Je ne savais pas quoi répondre. Je ne savais plus vraiment moi-même. Soudain un pépiement se fit entendre à ma droite et je détournais la tête de la petite Fée. Un nuage de ses congénères s’approchait précipitamment. Je distinguais assez facilement les hommes des femmes : ils étaient torse nu, ou à peine habillés de feuilles ou de pétales de fleurs, mais la gente masculine avait des ailes sombres, noir, vert profond, pourpre ou bleues nuit, tandis que les dames possédaient des membres beaucoup plus ciselés et colorés, de toute les couleurs de l’arc-en-ciel.
— C’est la Princesse ! s’exclama une des Fée en se posant à côté de la première à m’avoir rencontrée.
— Oui, c’est la copine d’Ehlialan, s’amusa une autre en tournoyant au dessus de ma tête.
Je fronçais les sourcils en entendant ce nom, qui m’était inconnu et pourtant familier.
— Alors tu es revenue !
La Fée qui avait dit ça était un homme, d’une trentaine d’année. Ses ailes étaient d’un noir profond et le ton de reproche qu’il avait employé me fit mal au cœur.
— Revenue ? Je ne suis encore jamais venue ici, répondis-je.
— Ça on le sait bien ! Je voulais dire que tu n’étais pas morte !
Je le regardais, interloquée et perdue. Ce fut une autre Fée, une dame à l’air noble et aux yeux sages, qui m’expliqua. Elle s’assit sur mon épaule pour parler :
— Ehlialan venait presque toutes les semaines ici…
— Tous les jours, corrigèrent quelques Fées.
Elles s’étaient posées dans mes cheveux et cela me chatouillait.
— Il était triste…
— Il était dévasté, grogna l’homme aux ailes noires.
— Vous allez me laisser parler ! s’énerva la dame.
Les autres turent leur pépiement et cessèrent de bouger.
— Il était triste parce que vous lui manquiez.
— Ehl ?
— Oui.
— Il venait ici ?
— Oui ! Il venait ici pour oublier son chagrin, parce qu’il avait trop mal.
Je sentis mon cœur se serrer et mes yeux s’embuer. Depuis mon retour, nous n’avions parlés que de moi, moi et encore moi, de ce que j’avais vécu. Mais lui ? Qu’avait-il fait pendant mon absence ? Comment avait-il combattu le manque ? Je laissais les Fées parler, avide d’en apprendre plus sur mon compagnon et tellement honteuse, encore une fois, de tout ce que je lui avais apporté comme chagrin.
— On a beaucoup parlé ! dit une petite Fée. On s’amusait bien avec lui, même s’il avait toujours l’air un peu triste. C’est dommage que tu sois là maintenant, il ne viendra plus !
Elle fit une moue attristée qui m’aurait arraché un sourire si ses paroles ne m’avaient pas fait aussi mal.
— Pourquoi est-ce qu’il ne viendra plus ? murmurais-je.
— Cette Vallée est dangereuse ! dit la dame.
— Ce n’est pas l’impression qu’elle donne.
— C’est bien pour cela qu’elle l’est ! aboya l’homme sur mon genou.
— Calme ta lumière, mon ami, dit la dame en prenant place à côté de lui.
Puis elle se tourna vers moi :
— Tu dois être familière des légendes de notre Monde Primaire n’est-ce pas ?
J’hochais la tête imperceptiblement. Comme chaque personne sur Codée, je n’appréciais que moyennement d’aborder le sujet des Mondes Primaires et des Mondes Akias.
— Sur Terre, dit la Fée, il y a l’histoire d’un grand Roi et de ses Chevaliers, qui se réunissaient autour d’une table ronde afin de faire régner la paix et la justice.
— Je connais cette légende oui.
— Dans cette histoire il y a une fée, qui vit au milieu d’un lac…
— Dans les plaines d’Avalon, murmurais-je.
— Oui. Les plaines de l’oubli. Et bien cette Vallée est un peu comme Avalon. Elle enchante tes sens, ton cœur et ton esprit, et peu à peu tu oublis, qui tu es, ton essence propre, ce que tu souhaites et le sens de ta vie. Tu ne souhaites qu’une chose, rester ici parmi nous.
— Cela peut se comprendre, m’amusais-je, cet endroit est loin d’être désagréable.
— Mais ce n’est pas… bien ! s’exclama l’homme. Vous autres Elfes et habitants du reste de Codée n’êtes pas faits pour vivre ici ! Un rôle vous est imparti et si vous restez trop longtemps dans la Vallée, vous l’oubliez et vous vous mettez à errer sans but jusqu’à disparaître.
— Mais tu ne dois pas t’inquiéter pour Ehlialan, dit la dame, à présent que tu es là…
— Mais tu n’as plus le droit de le rendre triste ! clama une des Fées les plus jeunes.
— Comment a-t-il trouvé le chemin de la Vallée ? demandais-je.
Les Fées se consultèrent du regard les unes les autres, puis s’enfuirent en silence, dans un bruissement d’ailes. Alors que je les regardais s’éloigner, l’une d’elle revint vers moi et se pencha au creux de mon oreille.

Chapitre : ravitaillement OU comment Wen a disparu
Kim


Un jour, Ehl m’avait proposé de l’accompagner. Dans une de ses longues promenades dont il avait le secret. J’aurais pu accepter. Je ne l’ai pas fait. Pourquoi ? J’avais d’autres choses à faire. Elles n’étaient pas plus importantes.
Lorsqu’il revenait. Il avait toujours l’air apaisé. Mais vide. Il me souriait. La Poésie en lui mourrait à petit feu.
Nous sommes parvenus au tunnel. A la mousse brûlante de lumière. Adjel nous a fait jurer de garder le secret. Sur tout ce qui allait se produire ensuite et même sur le chemin que nous venions d’emprunter. Il y a de quoi raconter de belles histoires pourtant ! Protéger les peuples sacrés par le silence. Oui c’est le meilleur moyen. Nous entrâmes dans le tunnel et débouchâmes sur la corniche. Au milieu de la falaise. J’avais l’impression d’être déjà venu. Ehl avait bien caché son jeu. Dans sa Poésie, il y avait toujours eu quelque chose d’un peu indicible. Une odeur qu’on ne parvient pas à identifier au milieu de cent autres et que pourtant on sent bien… C’était cela. La Poésie de cette Vallée.

Chapitre : ravitaillement.
Seiren


Adjel fit descendre leur caravane dans la Vallée, et ils remontèrent le cours de la rivière jusqu’à la grande tour de la Reine. Devant le pont de nacre qui permettait de passer de la berge à l’île, des dizaines de colis se trouvaient là. On devinait facilement qu’ils étaient pleins de nourritures et d’outils qui seraient utiles en cas de siège. Deux paquets étaient un peu à part, destinés tout spécialement au Maître Sribe Dominus Naïus.
Les quelques soldats de la Princesse et les hommes d’Adjel se mirent au travail. Ils empilèrent avec empressement les cadeaux de la maîtresse de la Vallée dans leur charriot. Tous étaient des Elfes, ils auraient beaucoup aimé rester plus longtemps, profiter du Soleil – trop absent sur Mirîle en ces temps – ou de l’herbe verte qui leur paraissait accueillante, mais ils avaient trop peur de se faire enchanter l’esprit par un nuage de Fée et de devoir rester éternellement là. Même si beaucoup murmuraient que cela ne devait pas être si terrible. Alors qu’ils chargeaient les derniers colis, ils s’aperçurent de l’absence de Kim. Et la Princesse n’était toujours pas revenue.
— Le Poète Flûte Argenté a dû partir à la recherche de Wensaïlie, grogna Adjel, il est assez grand pour se débrouiller tout seul.
Les soldats de la Princesse échangèrent des regards inquiets. Kim était vraiment quelqu’un de fort et d’extraordinaire, ils ne doutaient pas de cela, mais le mystère de la Vallée les effrayait encore plus.

En réalité, il y avait bien aucune inquiétude à avoir pour le Poète. La Poésie tenait trop à lui pour le laisser se faire envoûter par la paix et le calme de la Vallée. Lorsque les charriots s’étaient arrêtés, il était parti à la découverte du lieu, comme tout bon Poète l’aurait fait. Puis il avait rejoint son amie au pied du Grand Chêne, avec lequel elle était en grande discussion. Le Grand Chêne était aussi vieux que l’Île. Ses racines allaient de l’Est à l’Ouest, et il connaissait tous les arbres de chaque forêt de Codée. Il avait rencontré avec plaisir la Princesse, dont Ehlialan lui parlait tant, et il répondait à ses questions avec entrain, ravi de pouvoir reprendre contact avec ses vieux amis de l’Ihtilîle. Wen souhaitait en effet prendre des nouvelles de son pays. Les quelques messagers qu’avec Naïus ils avaient risqué d’envoyer n’étaient jamais revenus. Lorsque Kim arriva, il resta d’abord silencieux, attendant que Wen ait terminé. Puis il s’approcha. Son amie se tourna vers lui, et sur son visage flottait un sourire paisible, comme si elle avait enfin trouvé la paix à l’intérieure d’elle-même. Ce n’était pas ce sourire vide et plat qu’Ehl offrait lorsqu’il rentrait de la Vallée. Au contraire. La Princesse ici n’avait pas cherchée l’oublie, elle avait juste voulu renouer avec elle-même, avec son cœur. Evidemment, Kim fit à peine connaissance avec le Vieux Chêne qu’il commença à taquiner le sage arbre et ils finirent par se lancer des piques bien senties tandis que les Papoteurs derrière commentaient allègrement la joute, qui encourageait le Poète, qui le Vieux Chêne. Certains grognaient qu’ils auraient préféré continuer à dormir. Wen s’excusa auprès d’eux – en notant encore une fois que c’était à elle de réparer les bêtises de son ami. Il allait vraiment falloir apprendre à Kim d’autres manières de faire connaissance qu’une joute oral – et les baisers volés…
A la fois amusée et fatiguée, la Princesse s’assit au bord du lac, n’écoutant plus que vaguement la dispute entre l’arbre et le Poète, et contemplant son reflet sur la surface miroitante, elle se laissa bercer par les clapotis de l’eau sur le sable doré.
— On a beau aimé les reflets qu’une glace nous renvoi, le plus beau de tous se trouve dans les yeux de la personne qu’on aime, n’est-ce pas ?
La Princesse se retourna brusquement, surprise. Elle faillit même tomber à l’eau.
Devant elle se tenait la Reine de la Vallée. Elle n’eut pas besoin de le demander pour le savoir. La Reine ressemblait à sa demeure : elle était haute, fine et élancée. Une cascade de cheveux noirs et légèrement ondulés coulaient sur ses épaules et dans son dos, jusqu’à toucher le sol. Ils étaient parsemés de perles nacrées et de coquillages. Elle portait une longue robe blanche et vaporeuse, qui soulignait légèrement ses formes plutôt discrètes. Son visage était rayonnant et paisible, elle souriait avec bienveillance.
Wen se leva et inclina légèrement le buste pour saluer la Reine. Une grande force se dégageait de la souveraine, de par sa présence seule.
— Relève-toi mon enfant, dit la Reine en s’approchant.
L’Elfe obéit, incapable de savoir quoi dire. Elle jeta un regard désolé à Kim qui se chamaillait toujours avec le Vieux Chêne, gênée de sa malpolitesse. La Reine perçut son embarras, et sembla s’en amuser.
— Ne t’inquiète pas, dit-elle à voix basse, pour ne pas perturber les deux belligérants. Je savais que ça finirait comme cela si ce jeune homme pénétrait dans la Vallée.
— Kim ?
La Reine hocha la tête.
— Ehl m’a beaucoup parlé de lui. Je dois dire que je ne suis pas déçue. Cela fait une dizaine de centiles que je les observe, ils n’ont pas l’air de se lasser…
— Non, en effet, acquiesça Wen en faisant la moue.
— Je suis venue pour te rencontrer en fait. En général, nous autres habitants de la Vallée évitons de nous montrer lorsque des gens de l’extérieur nous rendent visite. Mais tu as mis tout mon peuple en émois par ton arrivée…
La Princesse rougit – croyez-moi ou pas.
— J’ai bien l’impression aussi que j’étais attendue ! Les Fées m’ont déjà fait la morale…
— Ce n’était pas mon intention.
Wen lui adressa un sourire crispé pour s’excuser.
— De toute façon tu n’es en rien coupable de la situation.
— Vraiment ?
— Je pense.
Elles restèrent silencieuses un instant.
— Ehl…
— Tu lui manquais.
— J’avais toujours imaginé qu’il était resté assis, sans vie, à attendre mon retour, murmura Wen. Ça paraît stupide.
— C’est ce que tu aurais fait à sa place ?
— Peut-être.
— Tu aurais remué ciel et terre pour le faire revenir, même si cela aurait dû te coûter la vie. C’est ça que tu penses ?
— Je ne sais pas !
— Les premières semaines, il est resté… amorphe. Comme abasourdis. Il mangeait à peine, n’avait pas conscience de ce qu’il se passait autour de lui. Votre lien s’est rompu brutalement.
La Princesse hocha la tête. Ça elle le savait bien.
— Ensuite, il a peu à peu repris vie. Mais on avait juste l’impression qu’il avait oublié ce qu’il c’était passé. Sauf qu’un jour il a bien dû se rendre compte que tout cela n’était pas un mauvais cauchemar. Il était prêt à attaquer toutes les personnes qui se trouvaient entre toi et lui. Je ne l’avais jamais vu si déterminer, et surtout pas si déterminer à sortir son sabre et à tuer. Il l’aurait fait. Je veux dire qu’il serait parti à ta recherche, si ce jeune Poète n’avait pas été là.
Wen fronça les sourcils. Kim avait empêché Ehl de la rejoindre ?
— Mahar-Mor s’était vidé de ses armées et les orcs pullulaient sur toutes l’Île. Des Humains il était impossible de savoir qui étaient des amis ou des alliés, et pire encore même parmi les Elfes des traîtres se cachaient. Naïus avait du mal à maintenir un semblant d’organisation sur Mirîle. L’envie ne lui manquait pas de diriger une contre-attaque, mais c’était impossible. C’aurait été du suicide, et il avait encore un devoir envers son peuple. Lorsqu’Ehl a compris qu’il n’avait rien à attendre de son père, il décida de partir seul, ou avec quelques amis. C’est vrai qu’une mission discrète aurait, peut-être, pu passer les rangs ennemis. C’est ce que nous avons pensé, jusqu’à ce que des Sorciers fassent leur apparition, accompagnés de Démons.
— Des vrais Démons ?
— Oui.
Wen frissonna. Cela expliquait beaucoup de choses.
— Et les Sorciers ?
— Je ne sais d’où l’Ennemi les a trouvés. Les a-t-il créés ? Il en est capable. Ou bien s’agit-il juste de Magiciens ayant décidé de le suivre ? On chercher souvent à cacher nos erreurs sous d’autres noms…
— Des traîtres même parmi les Magiciens ?
— Ou des personnes capables de maîtriser la Magie qui n’avaient pas encore été instruites par la Guilde. Quoi qu’il en soit, à ce moment là, même une mission aussi discrète que celle que prévoyait Ehlialan était condamnée. Flûte Argenté a utilisé tout son talent de persuasion pour qu’il reste en Mirîle. Naïus aussi. Mais c’était comme garder un Dolinge en cage…
— Alors Naïus a indiqué le chemin de la Vallée à Ehl ?
— En fait Ehl connaît depuis toujours le chemin de cette Vallée, mais comme les Fées ont dû te l’expliquer, il est mauvais pour les gens de l’extérieur de venir trop souvent. Jusqu’à présent il avait donc fait attention à ne venir que rarement… pour de grandes occasions. Naïus lui a quand même suggéré de me rendre visite.
La Reine n’eut pas besoin de parler plus pour que Wen comprenne la suite. L’inquiétude qui se lisait sur le visage de la souveraine était suffisante. Ehl devait avoir eu l’air d’un fantôme pour que la Reine accepte qu’il reste aussi longtemps dans la Vallée et qu’il revienne souvent. La souveraine expliqua qu’au départ, Ehl avait montré une grande résistance au pouvoir de la Vallée, mais au bout de quelques centaines d’années même lui n’y aurait pas résisté si elle n’avait usé de son pouvoir pour l’en préserver.
— Pourquoi ne m’a-t-il jamais parlé de cette Vallée avant ? demanda Wen.
— Comme chaque personne connaissant son existence, il a juré de garder le secret.
— Pourquoi Naïus nous a-t-il envoyé nous, mes soldats et moi, Kim, alors que nous ne la connaissions pas ?
— Tu ne les as peut-être pas senties, mais de puissantes barrières magiques protègent la Vallée. Si je ne vous avais pas jugés dignes de confiance, vous seriez retournés de vous-mêmes sur vos pas, oubliant jusqu’à la raison de votre voyage. Mais en général, lorsque Naïus m’envoie de nouveaux visiteurs, il les choisit plutôt bien.
La Reine adressa un magnifique sourire à Wen, qui lui répondit avec chaleur.
— Ce jeune insolent va me rendre fou Majesté si vous ne me l’ôtez pas immédiatement de la vue !
La voix rocailleuse du Vieux Chêne fit sourire les deux femmes et leur conversation cessa là. Elles s’étaient tout dit et il était temps pour les gens de l’extérieur de rentrer chez eux.

Chapitre : ravitaillement OU la disparition de l’ancienne Wen
Kim


Après que le Vieux eut râlé, on me força à rentrer ! Wen me tenait par la main. Comme elle aurait tenu la main d’un enfant. Ou alors était-ce elle l’enfant. De sa paume irradiait une joie douce et un calme étrange. Le même que celui d’Ehl – ce pouvoir étrange : faire le calme, ordonner le calme, calmer le calme ! C’est de là qu’il le tenait. Quand on connaît ce monsieur pourtant on sait la tempête à l’intérieur ! C’est pour ça que je rêve. De le voir la lame à la main. La Reine nous a accompagnés de ses vœux et nous sommes partis. Wen a été joyeuse tout le chemin du retour. Elle sautillait. Je crois que je suis le seul à avoir vraiment vu la différence. Entre elle avant et elle après. Les soldats que nous entraînions en avaient encore plein les mirettes. Ils ne s’occupaient de rien que de graver dans leurs esprits les choses surprenantes qu’ils avaient vu. Les convoyeurs affichaient un air de pitié sincère, visiblement habitués à de telles réactions.
Pourquoi Wen a-t-elle sentie la première la Poésie qui filtrait de la Vallée ? Parce qu’il s’agit de celle qu’utilise Ehl ? Ou parce que son lien avec la Poésie renaît vraiment ?

Chapitre : ravitaillement.
Seiren


Arrivés à Mirîle, les soldats et les convoyeurs déchargèrent les colis de la Reine de la Vallée, sous l’œil attentif de Naïus. Kim s’éclipsa alors, et Wen en fit de même après avoir donné à ses quelques recrues des ordres sur les évènements à venir.
Elle se dirigeait vers la bibliothèque, mais elle n’eut même pas besoin de s’y rendre pour trouver Ehl, qu’elle rencontra au détour d’un couloir, les bras chargés de parchemins divers.
— Mais qui vois-je ? s’exclama-t-il dans un sourire – que n’importe quelle Elfe aurait qualifié de charmeur.
— Tu as besoin d’aide ?
— Pas de refus.
La Princesse pris dans ses bras quelques parchemins pour alléger son compagnon. Elle en profita pour se rapprocher de lui, afin de lui murmurer à l’oreille.
— C’est toi, qui a proposé à ton père que j’accompagne ce convoi ?
— Je pense qu’il a eu l’idée tout seul.
— Vraiment ?
— Oui.
— Et quand est-ce que tu comptais me parler de tout ça, Ehlialan ?
Ehl sourit et passa un bras dans le dos de son amie. Ils étaient seuls dans le couloir.
— Vous me semblez mal placée pour poser ce genre de question ma chère Wensaïlie.
La Princesse sentit son cœur s’affoler. D’abord parce qu’elle n’avait pas l’habitude d’entendre son prénom complet – et encore moins Ehl le dire. Ensuite, parce qu’il avait posé son menton sur son épaule, et en disant cela il l’avait légèrement embrassée dans le cou. Cela ressemblait étrangement à la sensation qu’elle avait eu lorsqu’une Fée s’y était posée.
— Dans le genre à garder des secrets… ajouta-t-il.
Wen sentit une pointe de culpabilité la prendre.
— Aucun que je ne t’aurais dit un jour.
— Eh bien de même alors.
Il s’écarta en riant. Wen fit la moue. Evidemment ni l’un ni l’autre ne gagnerait à ce jeu là, et surtout pas elle vu les évènements de ses dernières années.
— Ais-je quand même le droit de savoir ?
— Le jour où on se serait marié je suppose, répondit Ehl de sa voix paisible.
Il avait dit ça comme si de rien n’était, et s’éloigna sans attendre que Wen ne réponde ou se décide à le suivre.

Chapitre : ravitaillement
Lettre de Wen


Se marier ?
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Chapitre YY Faire la guerre
Journal d’Ehl. Deux semaines après la naissance d’Athanael, Wen doit décider de ce qu’elle doit faire à présent : attendre et observer le monde changer, ou bien agir et faire la guerre, pour tenir la promesse faite à son père, mais aussi pour répondre à l’espoir de tous les réfugiés qui ont mis en elle l’espoir de retrouver un jour leurs terres.

Je trouvais Wen sur la terrasse de la Lune, celle qu’elle avait toujours préférée. Elle se tenait accoudée à la balustrade, le regarde perdu dans les remous du large ruisseau qui courrait le long de cette terrasse. Par réflexe, je sondais son esprit. Il était fermé, comme toujours depuis son retour.
Elle m’entendit arriver et se tourna vers moi, un léger sourire aux lèvres.
— Déjà debout ? lui dis-je en la prenant par la taille.
— Je dois rendre ma décision pour demain.
— Et tu n’as pas encore décidé ?
— Si.
— Mais ?
— Je… n’ai pas envie de me battre. Cela signifie des morts en plus, des familles en pleurs. J’en ai assez de tout cela.
— Il n’y a pourtant pas d’autres solutions.
Elle baissa la tête et se retourna vers le ruisseau.
— Je sais.
— Mais ?
— Je n’ai vraiment pas envie de me battre !
— Excuse-moi Wen, mais tu n’as pas envie de prendre les armes ou tu as peur de combattre les troupes qui se trouveront en face de toi ?
— Pardon ?
— Je ne pense pas être le seul à l’avoir remarqué. Il y a quatre jours, lorsque nous avons combattus les Orcs, tu as tout fait pour les épargner !
— Je n’avais aucune raison de les tuer.
Je sentis la colère monter en moi.
— Tu rigoles j’espère ?

Wen

Sa voix était si dure que j’eu l’impression qu’on me plantait un couteau dans le cœur.
— Je les désarmais et les mettais hors d’état de nuire, c’était suffisant. A trop tuer, on finit par oublier le prix d’une vie.
— C’est bien utile les dictons, mais ne me fais pas croire que c’est pour cela que tu t’es abstenue de les tuer. Ils ont été fait prisonniers et maintenant ? Nous devons nous en occuper, et en plus ils risquent de s’échapper ou bien de donner des informations à l’ennemi.
— J’ai longtemps hésité, avant de choisir de mener cette guerre. Après tout un équilibre règne sur l’Île aujourd’hui. Ce n’est peut-être pas celui qui nous plaît, mais c’en est un. Attends ! Laisse-moi continuer. Si j’ai choisi de faire la guerre, c’est que je pense que malgré tout, nous ne devons pas laisser l’Île aux mains des Orcs, pas de cette façon là. Ils ont aussi le droit d’exister sur ces terres après tout…
— Ils pillent, brûlent et tuent sans vergogne sur leur sillage !
— Les troupes de l’ennemis pillent, brûlent et tuent ! Pas tous les Orcs ! Je les ais vu, ils ont des villages, des familles ! Il y a des femmes et des enfants.
— Mais ça ne change rien à leur comportement !
— Je veux juste dire qu’ils ont le droit de vivre sur cette Île ! Ils ne sont pas tous aussi cruels que ceux contre lesquels nous nous battons !
— Je ne comprends pas.
— Les Géants dans les montagnes de l’Ouest détruisent les villages Nains et déciment leurs habitants, pour autant méritent-ils vraiment de ne pas avoir leur place sur cette Île ?
— Les Nains leur font sans cesse la guerre, et ils ne font pas de tels ravages intentionnellement.
— Il suffit peut-être de soustraire les Orcs au joug de l’ennemi pour qu’ils deviennent un peuple… acceptable.
— Ils aiment la violence !
— Et toi, pourquoi tiens-tu tant à les tuer ? Tu cherches à te venger ? Tu penses que c’est à cause d’eux que j’ai été absente aussi longtemps ?
— Oui, en partie, c’est exact !
— Mais ce n’est pas leur faute !
— Et ce n’est pas la tienne non plus ! Mais tu n’as pas vu les villages en feu qu’ils laissaient derrière eux ! Et les cris des gens piégés dans les maisons en flamme, que tu ne peux pas aider ?
— Mais tuer les Orcs ne t’apportera ni le soulagement, ni de solution à ses problèmes !
— Vraiment ? J’en doute parfois !
— Exterminer un peuple comme cela !
— Des meurtriers. Et la liste des adjectifs pour qualifier leurs actes ignobles ne manquent pas !

Ehl
Je comprenais ce qu’elle voulait dire bien sûr. Mais comment lui ouvrir les yeux. Il n’y avait aucun espoir à avoir du côté des Orcs.
— Soit leur amie et ils te trahiront.
— C’est faux.
— Qu’en sais-tu ?
— Peut-être plus de choses que toi.
— Grâce à ton ami hybride qui t’a aidé à t’échapper ?
Elle pinça ses lèvres. Je m’en voulais d’avoir dit cela, mais c’était trop tard pour me rattraper.
— Dois-je te rappeler ce qu’il a fait ? insistai-je.
— Ce n’est pas la peine, merci.
— Il t’a droguée ! Pour qu’Arion puisse mieux disposer de toi !
— Tais-toi ! Il voulait m’aider !!
— Je ne trouve pas que cela t’ai beaucoup aidé !! Ce sont des êtres retors et vieux. Sadiques ! Ils n’apportent rien de bon à cette Île.
— Est-ce pour autant qu’ils méritent la mort ?
— Les laisser en vie ne fait que causer plus de problèmes ! Ils sont une plaie pour tout ce qui vie. De la vermine.
— Des animaux c’est cela ? Qui pourtant ressentent les mêmes sentiments que nous ! Qui aiment et qui souffrent ! Ils ne vivent pas en… en troupeaux, ou en meute !
— Ça suffit. Fais comme tu veux. Mais personne ne te comprendra.
— Ça m’est égal, du moment que je respecte mes principes.
— Si tes troupes ne te comprennent pas…
— Je n’ai pas besoin d’une leçon de politique !
Elle avait détaché chacune de ses syllabes avec une attention toute particulière.
— Je vais faire cette guerre, parce que trop nombreux sont ceux qui ont perdu leur foyer, trop nombreuses sont les familles éclatés et détruites. Un tel comportement ne peut rester impuni. En tant que future souveraine de l’Ithilîle, c’est mon rôle. Je vais faire cette guerre parce que lorsque je m’interroge sur mon futur, je ne souhaite qu’une chose…
Elle m’entoura de ses bras et posa sa tête contre ma poitrine. Lorsqu’elle reprit la parole sa voix était brisée.
— Etre avec toi et en paix, murmura-t-elle. Ce qui est complètement impossible vue la situation de l’Île. D’autant que l’Ennemi ne souhaite pas s’arrêter là et approche de Mirîle. J’aimerais aussi rentrer chez moi, mais comment faire avec ses ennemis si nombreux entre Mirîle et l’Ithilîle ? Enfin, je vais faire cette guerre car je dois tenir la promesse que j’ai faite à mon père. Ce n’est pas ne restant cachée ici que j’y parviendrais, et plus vite j’en serais libérée, mieux cela sera.
— Si tu te bats, je me battrais aussi.
— Kim sera ravi…
— Je me battrais aussi, loin de Kim. Mais n’attends pas de moi une quelconque pitié.
Elle ne répondit pas, se contentant de resserrer son étreinte. Je passais ma main dans ses cheveux et laissais échapper un soupir.
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MessageSujet: Re: Rapport de Voyage d'IXO/note sur les coutumes de Codée   Rapport de Voyage d'IXO/note sur les coutumes de Codée Icon_minitimeMer 25 Déc - 16:22

Rencontre Ehl & Wen
(chronique de l’Ithilîle)



Cachée derrière les feuillages, Wen scrutait les environs avec attention. Sa cachette était simple mais efficace. Ils la trouveraient sûrement en dernière. Elle retint un rire ravi pour ne pas trahir sa présence. Depuis qu’elle avait appris à cacher ses pensées, même les grands avaient du mal à la trouver. C’était bien amusant de les voir chercher dans toute l’aire de jeu où elle se trouvait. Excitant aussi. Son cœur battait la chamade d’ailleurs. Et si un des chercheurs se faufilaient dans son dos et la surprenait sans qu’elle s’y attende ? Un frisson la parcouru. De plaisir et de peur à la fois. C’était la troisième partie de l’après midi. Dans le classement, elle se trouvait pour l’instant dans les dix premiers et elle entendait bien le rester ! Pour cela une seule solution, comme elle n’était pas celle qui courait le plus vite : bien se cacher et gagner du temps ainsi.
Une branche en contrebas s’agita. Wen perçut un léger murmure dans l’air. Un bourdonnement léger emplit son esprit tandis que son cœur accélérait encore. Sa cachette était-elle compromise ? Ou bien était-ce un oiseau ? Ou un chercheur passait sous elle mais ne l’avait pas remarquée... Elle serra une feuille entre ses doigts. Impossible de savoir ! Qu’est-ce que c’était frustrant ! Il fallait pourtant prendre une décision. Partir ou rester ? Ses jambes la démangeaient. Elle devait fuir, elle sentait son corps tendu, prêt pour la course. N’était-ce pas la peur et un instinct purement animal qui la poussait à vouloir courir ? Elle devait garder l’esprit clair… un autre mouvement attira son attention. Elle laissa ses oreilles pointues s’orient légèrement en arrière, pour mieux écouter. Le bruissement des feuilles, le chant des oiseaux n’avaient pas changés… mais n’importe quel bon chasseur savait cacher sa présence ! Se laissant porter par son instinct, la petite Princesse se replia sur elle-même, prête à bondir au moindre signe de danger. Elle pouvait gagner cette partie, elle le sentait. Cela faisait longtemps qu’elle patientait là, allongée sur sa branche. Elle devait bien être la dernière à trouver…
Un craquement sec dans son dos lui fit perdre le peu de calme qu’elle était parvenu à conserver et, suite à une vague de terreur qui déferla en elle, elle ne put se retenir de sauter sur la branche inférieure. Peut-être qu’elle se trompait en agissant ainsi ! Impossible de savoir, c’était bien l’intérêt du jeu et ce qui faisait que l’on s’y impliquait si facilement. Wen oublia tous ses doutes et dévala le tronc en sautant de branches en branches. Elle ne put s’empêcher de regarder derrière elle… Zut ! Personne ne la suivait. Que faire ? Continuer à courir ou se cacher à nouveau ? Ses mouvements avaient peut-être attiré les chercheurs…
— Trouvée !
La Princesse cria de terreur en voyant apparaître un de ses aînés devant elle. Deux autres firent leur apparition à travers le feuillage d’un vieux chêne. Le cri de Wen passa de la peur au défi, puis se transforma en rire. Elle fit un demi-tour acrobatique, esquiva la main de Rithan qui faillit l’attraper et se laissa tomber dans le vide. Elle retint l’adrénaline qui menaçait de la faire paniquer et attrapa, au dernier moment, une branche plutôt fine du grand boulot qui se trouvait là. La branche plia et amorti sa chute avec légèreté. La Princesse lâcha la branche et tomba doucement sur le tapis de mousse qui se trouvait là. Elle jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. Rithan et les autres la talonnaient ! Sans perdre un instant, elle se releva et courut. Elle voulait vraiment gagner cette partie ! D’en haut vinrent des cris d’encouragements. Ces amis la soutenaient. Elle représentait leur honneur ! Si elle s’en sortait, alors ils pourraient ce moquer des grands et leur jouer des tours. Ce serait amusant. Elle accéléra le pas. Un décompte se fit entendre dans les frondaisons. Elle devait tenir jusqu’à la fin. Elle pouvait y arriver ! Elle entendit Rithan l’appeler. Ça ne marcherait pas, elle ne se retournerait pas ! Elle sauta par-dessus le tronc d’un arbre qui s’était allongé sur le chemin lors de la dernière tempête. Ses adversaires n’étaient pas encore assez proches pour qu’elle puisse faire quoi que ce soit pour ralentir leur course… mieux valait courir. Elle aurait pu plier une branche et espérer qu’ils ne parviennent pas à l’éviter… elle quitta brusquement le sentier. Sans cesser de courir, elle allégea cependant son pas et se fit discrète, comme tout Elfe savait le faire. Elle se remémora rapidement les conseils de son père. Elle se faufila à travers la végétation épaisse de la forêt en évitant de casser les branches, effleurant à peine les feuilles. Par terre, ses pieds se firent si légers que ses traces s’effacèrent peu à peu. Elle rit de bon cœur, heureuse d’utiliser cette technique dans une partie de Chercheurs. Elle était plus discrète qu’un Dolinge !
— Quelque chose t’amuse Wen ? se moqua Rithan en se plantant devant elle.
— Je passe ! s’exclama-t-elle.
Comment avait-il fait pour la rattraper ?
Il éclata de rire et se pencha légèrement, bras écartés, prêt à la cueillir.
— Je ne crois pas, se moqua-t-il.
Un sourire malin aux lèvres, Wen dévia sa course brusquement et se laissa tomber dans un buisson de baies rouges. Elle fit une galipette vers l’arrière et se réceptionna plus ou moins adroitement. Rithan était déjà là. Le compte à rebours n’était pas fini. Elle devait tenir encore quelques centiles… elle ne put s’empêcher de crier lorsqu’elle évita Rithan. Nuinen se plaça derrière elle pour la prendre en étau mais elle parvint à esquiver de justesse et s’enfonça dans les buissons. Elle connaissait ces buissons, ils annonçaient le Grand Chemin, celui qui menait du fleuve à Lucialës. Ce n’était pas un choix stratégique prudent, mais elle avait depuis longtemps cessé de réfléchir et son corps n’était concentré que sur une tâche : échapper à ses aînés. Elle se faufila entre les buissons. En haut, ses amis comptaient toujours. Elle entendit les grands l’appeler et la menacer de la pire des tortures – manger un bol de gelée d’herbe entier – si elle ne se rendait pas avant le compte à rebours. Elle retint un haut-le-cœur à l’idée de la gelée verte qu’on servait souvent en dessert au palais.
— Ne te laisse pas avoir Wen ! s’exclama Vanakil. On partagera !
— Je ne veux pas !
Elle avisa la route en face d’elle. Son cœur battait à tout rompre. Elle pouvait continuer à courir, désormais ce n’était plus qu’une question de fractions de centile. Si elle allait sur la route, elle gagnait.
Ou bien elle pouvait s’arrêter et se rendre. La gelée d’herbe…
— Wen ! s’exclama Vanakil.
Elle leva la tête, il était perché sur la branche d’un chêne, à quelques pas.
— Ne te laisse pas avoir ! On compte tous sur toi !
— Mais je ne peux pas manger…
Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase, Rithan et Nuinen se jetaient sur elle. Elle poussa un cri de surprise et se prit les pieds dans une racine. Bascula en arrière. Les fines branches du buisson qui amortit sa chute lui griffèrent légèrement les mains et les joues. Les deux garçons tendirent leur main pour la retenir mais, dans un sursaut de volonté compétitive, elle ramena ses bras le long de son corps et se laissa glisser sur le Grand Chemin. Un nuage de poussière se souleva dans sa chute. Le compte à rebours résonnait dans les airs. Des cris dans les fourrés alentours retentissaient, des prénoms qu’on appelait, on cherchait son équipe. La fin du jeu était proche, Wen allait gagner ! La Princesse se retourna, prête à courir. Elle voyait déjà les cheveux bruns clairs de Nuinen approcher. Il la rejoindrait sur la route…
— Attention !
Avant qu’elle n’ait pu comprendre l’avertissement, crié par un adulte, Wen se précipita dans les bras d’un jeune garçon qui se trouvait face à elle. Emportés par son élan, ils perdirent tous deux l’équilibre et ils s’écroulèrent.
— Je suis désolée, souffla Wen en se redressant. Ça va ?
Il la regardait avec de grands yeux. Avait-elle quelque chose sur le visage ? Ou bien avait-il peur ? Elle s’écarta et lui tendit une main pour l’aider à se relever. Elle étudia rapidement le convoi qu’elle venait de rencontrer. A leurs habits, il s’agissait des Elfes de Mirîle ! Wen sautilla de joie en se rappelant qu’ils devaient venir aujourd’hui pour la fête des Sons.
Le garçon lui prit la main et se releva. Un adulte aux cheveux blonds, courts, et au regard anxieux c’était approché pour vérifier que tout allait bien. Quelques autres hésitaient à démonter pour s’enquérir de ce qu’il se passait.
— Pardon, pardon, ça va ? répétait Wen.
Elle sentait une légère panique monter en elle. Pourquoi avaient-ils tous l’air si concerné par leur chute ? Ils n’étaient pas tombés fort ! Peut-être que le garçon qu’elle avait cogné était de nature fragile. Est-ce qu’il allait bien ?
— Oui, oui ça va ! s’exclama-t-il.
Il avait l’air à la fois perdu et en colère. Elle remarqua qu’il était plus âgé qu’elle, peut-être de quelques années. Ses yeux balayaient les alentours du regard, comme s’il avait perdu quelque chose.
— Wen, tu es prise ! s’exclama Nuinen en sortant des buissons.
Incapable d’accepter de se faire prendre mais réticente à l’idée d’abandonner le garçon qu’elle venait de bousculer, la Princesse reste figée.
Rithan rejoignit Nuinen et posa sa main sur l’épaule de son camarade pour lui dire d’attendre. Ils étudièrent la situation avec une grande indécision. Le compte à rebours allait se finir d’un instant à l’autre, mais il serait grandement impoli de continuer le jeu devant les invités… Wen profita de cet instant pour s’écarter du garçon qu’elle avait entraîné dans sa chute et creuser l’écart entre les chercheurs et elle. Elle recula prudemment. Ses aînés l’assassinaient du regard… Elle déglutit. La gelée d’herbe, elle la voyait dans leurs yeux… mais Vanakil et les autres comptaient sur elle ! Nuinen esquissa un mouvement en sa direction. Autour d’eux, les adultes riaient de la rencontre malheureuse et se détendaient. Même le garçon qu’elle avait fait tomber semblait prendre plaisir au jeu.
— Wen… la menaça Rithan.
— La Princesse meurt mais ne se rend pas ! s’exclamèrent les amis de Wen, qui avaient rejoint les aînés et s’accrochaient à leurs bras et leurs jambes pour les empêcher d’avancer.
Les adultes alentours s’amusèrent du revirement de situation. Wen sourit timidement pour remercier ses amis et continua à reculer prudemment. Orun avait échappé à la vigilance des membres de son équipe. Il contournait l’affrontement général pour la saisir.
— Le compte à rebours est terminé ! s’exclama Wen.
Elle avait le souffle cours et des larmes lui montaient aux yeux. Contrecoup de l’effort de la course et de sa rencontre un peu brusque avec le garçon de Mirîle.
— Justement, une promesse est une promesse… la tança Orun.
— Je ne veux pas de votre…
Elle fit un pas de plus en arrière. Croisa le regard terrifié du jeune homme qu’elle avait poussé. Il avait l’air d’avoir mal. Elle porta sa main à sa poitrine. Elle aussi avait mal. Elle ne put finir sa phrase tant le souffle lui manquait. Sa vue se brouilla. De larmes. La panique s’empara d’elle et elle se laissa aller aux sanglots, sans réellement comprendre ce qu’il se passait. Elle entendit quelqu’un crier son prénom. Et celui de quelqu’un d’autre. Un voile noir s’abattit devant ses yeux et le sol se déroba sous ses pieds.

Le léger grincement de la porte la réveilla. Une seule porte dans le palais grinçait ainsi. Celle de la salle de Soins. Dans une mi-inconscience, elle perçut des gens entrer dans la salle. Wen reconnut le pas de son père. Il y avait deux autres personnes avec lui.
— Comment vont-ils ? s’inquiéta Mil.
— Aucun souci à vous faire pour eux, mes seigneurs.
C’était la voix du Soigneur du palais.
— Au contraire, marmonna Mil, je pressens que ce n’est que le début à de nombreux problèmes !
Wen garda un masque impassible sur son visage mais son cœur se serra. Son père semblait contrarié. Avait-elle fait quelque chose de mal ? Elle percevait une autre respiration tranquille dans la pièce, le garçon de Mirîle se trouvait là sans doute. Etait-il malade ou blessé ? Allaient-ils avoir des problèmes à cause des parents du jeune homme ? Elle jugula la peur. Elle ne voulait pas que les adultes sachent qu’elle était réveillée.
— Mil, tu ne prêtes attentions qu’au côté sombre de…
— Je sais. Je sais, s’agaça le roi des Elfes.
La deuxième personne qui accompagnait Mil était inconnue à Wen. Raison de plus pour rester endormie. Si elle avait fait une bêtise, elle ne voulait pas se faire disputer devant des inconnus – elle ne voulait pas se faire disputer tout court d’ailleurs.
Il n’y a aucune raison qu’on te dispute, murmura une voix dans son esprit. Peut-être, mais prudence était mère de raison.
— Lorsqu’ils seront grands, tu souriras de le voir ensemble, dit l’adulte inconnu d’un ton joyeux.
— Quelle réaction violente, murmura Mil.
— Au vu de ce qui attend ta fille, c’est peut-être mieux qu’elle ait un tel ami dès maintenant. Les Sept ne nous oublient pas, tu vois ! Ils savent encore ce qui est bon pour cette île.
Wen dut faire un effort pour ne pas rire. Elle ne comprenait pas la moitié de la discussion mais elle savait que son père était vraiment sceptique quant au rôle des Sept sur Codée. Un argument comme celui-ci ne risquait pas de le remettre de bonne humeur. Le Soigneur reprit la parole :
— J’ai déjà vu des couples réagir ainsi. Ce n’est pas si exceptionnel que cela. A présent sortons, ils ont besoin de repos et nous risquons de les réveiller.
Les trois adultes sortirent. Mil et l’Elfe inconnu qui l’accompagné continuèrent à discourir de l’incident, en baissant la voix cependant pour que les personnes présentes dans la yola ne les entendent pas.
Wen compta les centiles. Elle voulait être sûre que les adultes soient loin avant de se relever.
— Pourquoi tu as fait semblant de dormir ?
Elle se tourna. La salle des soins était petite et rectangulaire. Au fond de la salle se trouvait un bureau, pour le Soigneur, et une grande armoire pour ranger les soins les plus utilisés. Sur le mur de droite, deux lits étaient installés, sur celui du gauche, un seul leur faisait face. Wen se trouvait dans le premier lit à l’entrée. Le garçon de Mirîle dans celui en face.
— Tu as aussi fait semblant de dormir non ?
— Parce que toi, tu le faisais. Je pensais qu’il ne fallait pas se réveiller.
— Ils allaient peut-être nous gronder.
— Je t’ai dit qu’il n’y avait pas de raisons pour qu’ils nous grondent. Pourquoi ils nous disputeraient ?
— Peut-être pas toi. Mais moi…
— C’est vrai que tu aurais pu faire plus attention…
Wen rougit. Elle n’avait pas pour habitude d’être maladroite et cet accident lui pesait. Ses amis se moqueraient sans doute d’elle pendant longtemps !
— Enfin, ils ne vont pas te gronder pour ça ! Tu jouais, c’était normal.
— Mon père n’avait pas l’air content.
— Mon père a dit que ton père, en ce moment, n’était jamais content.
Wen fit la moue, c’était bien vrai. Comment cet étranger pouvait-il le savoir ?
Par la petite fenêtre au dessus du bureau du Soigneur, une lumière tamisée entrait dans la pièce. Wen adorait cette mi-pénombre. Celui lui rappelait ses après-midis qu’elle passait au palais quelques années auparavant. Quand la nourrice du palais l’obligeait à faire la sieste. Avant, elle râlait tout le temps. Maintenant, elle adorait poser sa tête sur son oreiller. D’ailleurs, si elle n’avait pas ressenti le besoin pressent d’aller sur l’aire de jeu, elle serait bien restée allongée là. Elle se sentit impatiente de quitter la pièce et rejoindre ses amis en ville – elle n’avait pas dû dormir longtemps, les parties de chercheurs ne devaient pas être terminées !
Wen se tordit un peu le coup pour observer le garçon allongeait dans le lit en face. Il l’observait aussi. Ses yeux étaient d’un brun clair, qui rappelait le caramel ou le miel produit par les villages frontières et que les cuisiniers ne sortaient que pour les grandes occasions. Ses cheveux étaient d’une teinte semblable, brune tirant légèrement vers un roux doré. Il avait un visage fin pour un garçon de son âge – quel âge avait-il ? Il semblait à la fois intimidé et ennuyé de se trouver ici. Wen se souvint des expressions qu’elle lui avait vues, avant qu’elle ne s’évanouisse. Elle y avait aussi lu deux émotions contraires à chaque fois. Comment cela se pouvait-il ?
— Je m’appelle Wen, dit-elle. J’ai six ans.
— Ehl, j’ai huit ans.
— Tu as l’air plus vieux !
— Je ne grandis pas vite, répondit-il en se cachant sous ses draps.
Wen se releva, la bouche pincée. Visiblement elle venait de gêner son nouvel ami.
— Tu veux venir en ville avec moi ? lui proposa-t-elle.
— Il ne faut pas qu’on reste ici ? Le Soigneur a dit qu’on devait se reposer !
— Je me sens très reposée.
— On s’est évanouit ! insista Ehl en sortant la tête de ses draps. C’est grave.
— Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, avoua Wen. Mais ce n’est pas grave, le Soigneur a dit qu’on allait bien.
Elle se leva et vint s’asseoir sur le lit de son nouvel ami.
— C’est la première fois que tu viens à Lucialës ? demanda-t-elle.
— Non.
— On s’est déjà rencontré ? Ton visage me rappelle…
— Non, répondit Ehl.
Il avait hésité avant de répondre. Wen fronça les sourcils.
— Je suis venu le jour de ta naissance, avoua Ehl, incapable de soutenir le regarde de la Princesse. Alors on s’est déjà… vu.
Wen sourit, ravie de la coïncidence.
— Ton père est Naïus, n’est-ce pas ? déduit-elle.
— Oui. C’est le meilleur ami de ton père.
— Je sais.
Elle fit une moue déçue avant de reprendre :
— Je ne suis jamais là lorsqu’il vient alors je n’ai pas vraiment eu l’occasion faire sa connaissance encore.
— On peut y aller si tu veux…
— Non, ils doivent être en train de discuter… allons jouer plutôt !
— On va nous voir si on sort de la salle des Soins, répondit Ehl d’un ton un peu plaintif.
— Tu as peur ? le taquina Wen.
— Tu es trop insouciante ! se défendit-il.
— Lève toi, lui ordonna-t-elle. Voilà. Tu as mal à la tête ?
Elle posa sa main sur le front de son ami.
— Tu n’as pas de fièvre, diagnostiqua-t-elle avec sérieux.
— Tu n’es pas docteur, marmonna-t-il.
— Debout sur vos jambes monsieur le Scribe ! insista-t-elle.
Il obéit avec une certaine gêne.
— La tête qui tourne ?
— Non.
— Mal au ventre ?
— Non, mais…
— Alors allons-y !
Wen se dirigea vers le bureau du Soigneur. Elle entendit Ehl soupirer dans son dos. Puis retenir sa respiration. Elle rit silencieusement, il croyait qu’elle voulait sortir par la fenêtre ! Elle ne prit pas la peine de l’effrayer plus. Elle se dirigea à l’angle de la pièce et appuya contre une pierre, légèrement rentrée dans le mur.
— Passage secret ! s’exclama-t-elle joyeuse. Allez, vient !
— Les adultes ne vont pas…
— Ils ont l’habitude, s’impatienta Wen.
Sans plus attendre, elle passa l’ouverture du passage secret et s’enfonça dans les ténèbres. Ses yeux s’accoutumèrent rapidement à l’obscurité et bientôt elle put avancer dans le tunnel comme s’il avait été éclairé correctement.
— Attends ! s’exclama Ehl.
Sa voix résonna entre les murs du passage. Wen entendit le mur de la salle de Soins se refermer. Le souffle légèrement angoissé de son ami. Il l’avait donc suivie !
— Vous, les ithilîliens, vous êtes des sauvages, murmura-t-il en la rejoignant.
Il s’agrippa fermement à la tunique de la Princesse. Wen s’amusa de sentir la respiration paniquée d’Ehl dans son cou.
— C’est méchant.
— Vous bousculez vos invités, vous désobéissez…
— On ne nous a pas ordonné de rester dans la salle des Soins, se défendit Wen.
—… et comment fais-tu pour avancer sans te cogner partout !
Wen se retourna et le considéra avec surprise.
— Tu ne vois pas ?
— Sans doute mieux qu’un Humain s’il avait été là, mais pas assez pour avancer aussi vite que tu ne l’as fait !
— Ca ne fait pas de nous des sauvages, grogna Wen en reprenant son chemin.
Désolé.
Si Ehl avait parlé, c’était si bas qu’elle douta avoir réellement entendu ses excuses.

Quelques centiles plus tard, ils retrouvaient les camarades de jeu de Wen. Malheureusement, la partie avait été écourtée. Mil avait grondé les aînés et leur avait demandé d’être plus attentif à l’étendu de leur terrain de jeu. L’accident d’aujourd’hui n’était pas grave, mais ça aurait pu mal terminer – si Wen avait affolé les chevaux de la caravane par exemple ? Et puis ce n’était pas une façon d’accueillir les invités !
De toute façon, les jeunes Elfes avaient à présent d’autres activités à se charger. Ils participaient activement à la décoration de la ville pour la fête des Sons. Wen présenta Ehl à ses amis les plus proches : Vanakil et Liada. Le premier, grand, élancé, aux cheveux d’un blond tirant vers le blanc, sembla tout de suite apprécier Ehl. Liada se montra plus réservée. Avec ses grands yeux clairs et son visage rond, elle se contenta de sourire timidement au garçon de Mirîle pour lui souhaiter la bienvenue.
Liada et Vanakil avaient été chargé de seconder un groupe de musiciens venus des frontières. Wen leur demanda la permission de se joindre à eux et Ehl fut quelque peu enrôlé de force. Mais il ne se plaint pas et participa avec plaisir aux activités de ses nouveaux amis. L’après midi passa dans les rires et la bonne humeur, l’accident du début de la matinée oublié. Vers le huitième décile solaire, les autres enfants et adolescents de Mirîle vinrent en ville pour visiter les lieux et observer les préparatifs de la fête. L’adulte qui les surveillait aperçut Ehl et lui demanda de les rejoindre.
— Naïus le cherchait ? demanda Wen, un air innocent sur le visage.
— Non, répondit l’Elfe adulte, surpris.
Consciente de mettre leur invité mal à l’aise et du la tournure qu’aurait pu prendre la conversation, Wen n’insista pas. Elle se contenta de couler un regard presque hautain à Ehl.
Tu vois ? se moqua-t-elle intérieurement. Aucun problème.
Il leva les yeux au ciel mais contredit ce mouvement d’humeur par un sourire qui fit chaud au cœur à la jeune Elfe. Elle le salua de la main alors qu’il s’éloignait avec ses compatriotes pour continuer leur visite.

Le soir, Mil annonça que Naïus et ses invités resteraient jusqu’au lendemain. Les aînés murmurèrent en apprenant cela. C’était rare que le Maître Scribe Dominus change ses plans. Il avait dû se passer quelque chose ! Lorsque Wen entra dans la yola, elle trouva ses amis tout excité de cette rumeur et elle partagea leur curiosité. Elle chercha des yeux si Ehl était là. Il saurait ce que cela signifiait lui. Mais elle ne le vit pas. Déçue, elle se rendit aux cheminées avec Vanakil. Liada était partie aux cuisines chiper de quoi se restaurer. Elle n’avait pas le courage d’attendre que le repas soit servit.
— Quelle journée, soupira Vanakil en s’écroulant sur les coussins moelleux.
Wen lui répondit d’un sourire un peu absent, elle aurait bien aimé revoir Ehl quand même ! Elle s’assit à son tour et son regard se perdit dans l’admiration des flammes naissantes dans la cheminée. Vanakil lui tendit une de ses couvertures favorites.
— Ah non ! se vexa-t-elle. On n’a même pas encore mangé !
Vanakil jeta la couverture sur ses épaules et la frictionna avec en riant.
— N’avez-vous pas sommeil Princesse ? insista-t-il.
Elle se défendit en riant. Elle avait le sommeil lourd, c’était vrai. Et elle dormait plus que les autres Elfes de son âge. Vanakil avait toujours aimé la taquinait à se propos. Quand les aînés et les autres enfants avaient compris le sujet de la moquerie, ils s’y étaient mis aussi.
Ils se battirent dans les coussins et les couvertures jusqu’à ce que Lyu, la nourrice du palais, vienne les réprimander. Derrière elle se tenait Ehl et les autres enfants de Mirîle. Lyu sermonna tout le monde pour leur enjoindre de se tenir correctement et d’être sage puis partit à la recherche de jeunes qui auraient échappés à son attention. Elle était à peine partie que Lagda mima une personne en colère et stricte qui grondait tout le monde. Les enfants éclatèrent de rire devant l’imitation. Ehl vint s’asseoir à côté de Wen tandis que les autres enfants de Mirîle, surtout des garçons, s’asseyaient aussi sur les coussins. Les discussions allèrent bon train. Vanakil et Lagda racontèrent à force de moqueries gentilles et de mimiques la partie de chasseur du matin et comment Wen avait fini par tomber sur Ehl, tellement fort visiblement qu’ils s’en étaient tout deux évanouit ! Tous les enfants autour des feux étaient pliés de rire. Sauf Wen, confondue. Elle baissait les yeux et évitait les regards, gênée. Mais la joie ambiante était contagieuse et elle ne pouvait s’empêcher de sourire. Elle fit semblant de se vexer lorsque Vanakil insista encore :
— Vous pensiez que Wen était une Princesse comme dans les contes ? Que nenni mes amis ! La délicatesse, c’est le dernier qualificatif qui lui conviendrait !
Quelques enfants prirent la défense de Wen en accusant Vanakil de l’avoir paniqué dans la fureur de sa course contre le temps. Que c’était de la faute du garçon, il avait trop pressé Wen et l’avait faite paniquée. Vanakil prit un air outré pour répondre à ses accusations, ce qui amusa tout le monde et donna à Wen le courage de relever la tête pour rire avec les autres. Ehl lui prit la main pour la rassurer et la soutenir face à ses accusations mauvaises. Il dit que quitte à choisir, il préféré se faire renverser par Wen que par Vanakil, et que si l’ithilien se moquait, il pouvait bien puisque lui n’avait pas était capable de rester hors de partie des aînés pendant la partie, que ce n’était pas grâce à lui que son équipe avait gagnée ! Les plus jeunes enfants de l’Ithilîle sautèrent sur Ehl pour l’encourager et lui donner des tapes amicales dans le dos. Enchanté par le succès de leur camarade, les autres de Mirîle se joignirent de plus belle à la conversation et bientôt ce fut comme si les enfants des deux pays s’étaient toujours connus.
Les cloches pour annoncer le début de la fête brisèrent cet instant de complicité. Les enfants furent appelé à rejoindre leurs parents et chacun dut reprendre un air sérieux pour se tenir convenablement à table. Wen vit avec plaisir qu’elle était placée à côté d’Ehl et ils n’eurent pas besoin de se lâcher la main pour s’attabler. Lorsque les plats arrivèrent, ils durent malgré tout se libérer les doigts l’un de l’autre. La fête des Sons était entièrement dédiée à la musique et à la célébration des nouveaux Maîtres Musiciens. Tout le repas fut agrémenté de chants et de morceaux joués sur des instruments, dont certains étaient inconnus de Wen. Lorsque les convives eurent terminés le repas, ils se dispersèrent. La plupart allèrent en ville pour assister à d’autres représentations. Les enfants les plus âgés furent invités à s’y rendre aussi.
Naïus fit signe à son fils de venir le voir. Wen fit de son mieux pour ne pas les regardaient mais la curiosité la dévoraient. De quoi parlaient-ils ? Ehl aurait-il le droit d’aller à la fête ? Avant qu’elle ne puisse se poser plus de question, Mil s’approcha d’elle et l’entraîna à l’écart.
— Je vais aller en ville avec Naïus. Tu restes… là, d’accord ?
Wen fronça les sourcils. Son père lui demandait rarement une telle chose. Si Naïus restait et son père lui demandait cela, c’était qu’il se passait vraiment… elle tourna la tête vers Ehl, pour essayer de le voir par-dessus l’épaule de son père.
— Wen…
— Oui, je suis sage, je reste là.
— Je suis content que tu t’entendes bien avec les enfants de Mirîle.
— Surtout Ehl ! insista la petite.
Mil lui sourit gentiment et la serra dans ses bras. Wen trouva qu’il avait l’air triste.
— Je crois qu’il reste ici aussi, alors essaye de ne pas trop dormir et profite qu’il soit là ! la taquina son père.
Wen maugréa. Ce n’était pas amusant.
— Ils ne restent pas longtemps ! se plaignit-elle.
— Ils reviendront, la rassura-t-il.
Il passa sa main dans les cheveux noirs d’encre de la Princesse puis déposa un bisou sur son front.
Wen le regarda partir, un poids dans le cœur. Ils reviendront peut-être mais un jour c’était court ! Elle aurait voulu jouer encore avec Ehl et les autres ! Elle s’assit sur un coussin près du feu. Vanakil était assez grand pour partir en ville. Liada aussi. En fait, de tous les enfants qui restaient, elle était sans doute la plus vieille ! Elle s’allongea et attrapa du bout des doigts une couverture. La chaleur du feu s’ajoutant à la fatigue de la journée et au bon repas, elle se sentait prête à dormir longtemps. Elle se pinça le bras pour se relever. Mil avait dit qu’Ehl resterait, elle ne devait pas dormir si c’était le cas… mais c’était peine perdue. Elle se recoucha. Ses yeux se fermèrent malgré elle et elle s’endormit. Elle sentit des doigts frais écarter les mèches de cheveux qui lui étaient tombés sur le visage.

Wen se réveilla de bonne humeur. Quelqu’un était allongé contre elle et la réchauffait agréablement, maintenant que les feux étaient éteins. Elle se retourna et sourit à Ehl.
— Tu ne dors pas ? murmura-t-elle pour ne pas réveiller les autres enfants endormis.
— Comment as-tu fais pour t’endormir ?
Il souriait avec malice.
— Il n’y a pas tant de bruits que ça ici, se défendit Wen.
— Surtout après que Lyu ait posé le sort de silence, acquiesça Ehl. Mais tu dormais déjà avant ! Et la lumière…
Wen haussa les épaules et se blottit contre son ami. Il l’entoura de ses bras.
— Je dois bientôt partir, dit-il d’un ton qu’il tenta de rendre neutre.
La Princesse avait bien perçut le léger pincement dans sa voix sur le dernier mot. Elle se recroquevilla un peu plus sur elle-même.
— D’ailleurs voilà mon père, se désola Ehl.
Il s’écarta à regret de son ami et se leva. Wen se frotta les yeux avant de se mettre debout à son tour. Fallait-il vraiment que Naïus et les Elfes de Mirîle partent si tôt ?
Une main se posa sur son épaule. Elle adressa un sourire endormi à son père. Il la prit dans ses bras et se dirigea vers la porte de la yola. Naïus était là avec ses sujets. Ehl se tenait à côté de son père, en pleine forme, pourtant Wen aurait parié qu’il n’avait pas fermé l’œil de la nuit. Mil lui avait souvent répété que les Elfes de Mirîle ne dormaient presque jamais. Elle le croyait à présent. Et elle se sentait toute penaude d’avoir sombrer dans le sommeil aussi facilement.
— Bon voyage mon ami, dit Mil en tendant son bras libre vers Naïus.
Les deux Elfes se serrèrent la main. Wen s’agita dans les bras de son père. Elle était assez grande pour rester debout toute seule, même fatiguée ! Mil la laissa s’en aller et échangea quelques mots encore avec Naïus.
— Ils ne peuvent jamais s’arrêter, murmura le garçon à l’oreille de Wen. Ils adoooorent parler !
La jeune fille réprima un petit rire pour ne pas attirer l’attention de leurs parents. Finalement, Mil et Naïus se saluèrent pour de bon et les Scribes s’en furent. Wen s’appuya contre son père. Sa tête tournait et ses yeux se brouillaient de larmes.
— Wen, murmura Mil en s’accroupissant pour se mettre à la hauteur de sa fille. Ecoute-moi.
La voix du roi des Elfes perça les brumes de la tristesse et de la fatigue dans l’espère de Wen. Hypnotisée, elle se laissa guider.
— Ils reviendront. Ehl reviendra. Et nous irons le voir aussi. Vous vous verrez à nouveau. Tu comprends ?
Elle hocha la tête et passa furieusement son avant-bras devant ses yeux pour y chasser les larmes.
— J’aurais aimé qu’ils restent ! ne put-elle s’empêcher de dire d’une voix penaude.
— La prochaine fois, ils resteront plus longtemps, promit Mil.
Il posa la main sur le front de sa fille et murmura quelques mots que Wen ne comprit pas. Elle avait mal au cœur. Elle avait mal aux yeux. Elle voulait partir avec Naïus et Ehl ! Son esprit se perdit peu à peu et elle s’endormit dans les bras de son père.

Mil soupira. Il serra ce corps si frêle contre lui. Les doux cheveux de sa fille caressèrent sa joue. Il aurait tellement aimé la protéger contre toute tristesse et tout malheur. Les Sept lui refaisaient cela aussi ! A quel point étaient-ils donc maudits ?
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