ou preuve que les plus malheureux pourraient l'être encore plusPréambule
[align] On aurait pu prendre n’importe qu’elle autre histoire pour prouver cette thèse, mais il apparaît que l’éducation des enfants passe (ou du moins passait) surtout à travers les contes populaires. Aussi j’ai décidé de prendre le mal par se racine.
Toujours, ou plutôt trop souvent, nous, européens moyens, nous plaignons : mon lit est trop mou, mon i pod pas assez design, ma voiture trop petite, et le grand classique « la bouffe à la cantine est dégueulasse ». Peu importe qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, de toute façon c’est toujours pareil, à se demander pourquoi le Soleil se donne encore la peine de nous rendre visite.[/align]
Chapitre un, ou ce qu’il faut considérer.
[align]Ce qu’il faut considérer c’est que le Petit Chaperon Rouge est un être vivant, humain plus précisément, avec une figure, deux bras, deux jambes bref un corps complet (libre à vous d’imaginer qu’il ne l’est pas pour diverses raisons expliciter ensuite). Il n’est ni beau, ni moche, ni intelligent, ni bête, juste naïf et gentil, comme devrait l’être tous les petits enfants. Le Petit Chaperon Rouge pourrait être n’importe lequel d’entre nous, européens moyens : humain standard avec de l’argent et une bonne éducation, bref tout ce qu’il faut pour réussir à coup sûr.
Nous avons déjà considéré ici que le Petit Chaperon Rouge était un veinard puisqu’il avait de l’argent dans sa tirelire. Il ne verra donc pas d’huissier frapper à sa porte soudainement, ou alors de policiers envahir son école pour le ramener à la frontière du royaume.
Admettons ensuite que le Petit Chaperon Rouge ne souffre d’aucune maladie qui pourrait le tuer instantanément, en effet nous avons besoin de lui vivant, ni dans les dix prochaines années (le temps que tout le monde prenne connaissance de cette histoire), ou même l’incommoder au point qu’il ne puisse plus bouger (comment subirait-il son horrible destin sinon ?). Notre Petit Chaperon Rouge n’aura donc ni arrêt cardiaque, ni crise d’apoplexie, ni caillot dans le cerveau ou dans les jambes, ni le SIDA, ni la rougeole ou les oreillons, ni la grippe, ni des vers dans l’estomac. Mais si cela amuse le lecteur il peut supposer que l’héroïne connaît déjà ses infortunes ou les connaîtra plus tard (attention cependant à ne pas trop l’abîmer pour les suivants). Le lecteur peut même imaginer que le Petit Chaperon Rouge mourra de toutes ces maladies et bien d’autres après de longues années d’agonies.
Un Loup suffisant nous allons aussi devoir considérer que le Petit Chaperon Rouge ne verra surgir devant lui au milieu de l’histoire ni violeur, ni voleur, ni calèche pour lui écraser les jambes, ni tueur assoiffé de sang s’étant évadé du donjon le plus proche lorsque le garde de son cachot s’est endormit et que les rats, charmés par le son d’une flûte magique, ont aidé en lui apportant les clefs de sa cellule. Mais encore une fois le lecteur peut considérer que le Petit Chaperon Rouge sera au fait de toutes ses mésaventures au court de sa (plus ou moins) courte vie.
Notons que si aucun des évènements suscités ou entrant dans nos deux catégories (maladies inopportunes et fait du hasard qui abîment) ne vous concerne pas, vous avez déjà un pourcentage de chance énorme. Si vous n’avez combiné aucun des éléments ci-dessus mais que vous êtes concerné par uniquement l’un d’entre eux votre chance est de cinquante pour cent. Si vous avez connus deux de ses malheurs vous avez vingt cinq pour cent de chance, si vous en cumulez plus que deux, vous avez quinze pour cent de chance, et si vous allez mourir dans la semaine vous avez cinq pour cent de chance (parce que vous n’êtes pas encore mort). [/align]