Le temps des rêves Le rendez-vous des Micropatrologues. |
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| Ne m'oublie pas | |
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Ange Mi-Elfe, Mi-Humaine
Nombre de messages : 81 Age : 31 Date d'inscription : 11/10/2008
| Sujet: Ne m'oublie pas Ven 1 Mai - 10:03 | |
| Ne m'oublie pas Je me suis toujours demandé ce qu'était la conscience, l'âme. Ce qui fait de nous des êtres intelligents et non de vulgaires animaux. Ce qui a fait de nous une race supérieure... Tellement faible qu'elle s'invente des ennemis à combattre pour se croire puissante ; tellement égocentrique qu'il n'existe plus qu'elle au monde, alors qu'elle lui a fait perdre son visage... I Quand j'étais plus jeune - j'ai oublié à quel âge : à présent je ne sais plus ce que représente le temps à mes yeux – mes parents m'élevèrent dans un milieu bourgeois. C'est peut-être pour cela que j'apprécie tant les couleurs, la lumière, la musique, les bals ; des rêves de petite fille. Ma famille s'était enrichie tardivement, et voulait que j'aie ce qu'elle n'avait pas eu auparavant, notamment la meilleure éducation possible. Même si j'habitais un bourg de campagne, mon père me fit entrer dans une très bonne école. Très jeune alors j'appris l'histoire, la géographie, les mathématiques et la science. Comme j'étais cultivée et que mon esprit réagissait rapidement, on décida de m'inscrire dans un pensionnat renommé d'une cité se situant à un certain nombre de kilomètres de ma ville natale. Lorsque je fus là-bas, je me sentis immensément seule : je ne m'entendais avec personne ; ni les professeurs, ni les élèves. Je ne voyais mes parents que rarement, pendant les vacances. C'est à quinze ans enfin que je remarquai que je n'étais pas une machine à apprendre, un dictionnaire et décidai donc de mon propre gré de quitter l'école pour rejoindre ma famille. Un matin, au lever du soleil, je volai un cheval des écuries et, le lançant au galop, abandonnai derrière moi le collège et son architecture antique. Durant la journée je buvais l'eau des rivières et mangeais des fruits, mais la nuit venue, ayant chevauché tout le jour, je m'arrêtai dans une auberge afin d'y passer la soirée : le voyage était bien long. C'était une petite maison en bois tenue par une femme veuve, âgée et amicale. Elle ne parut pas étonnée de voir une fille aussi jeune que moi et remarqua qu'il y avait des vagabondes comme moi dans les alentours ; cela me fit sourire. Pendant que je dégustai un rôti de sanglier avec appétit, elle commença à me parler de choses diverses, elle semblait heureuse d'avoir de la compagnie, pauvre femme ! A la fin du souper, nous discutâmes longtemps de sa famille : elle me conta le désastre qui avait tué son mari, ses jeunes enfants enlevés et son fils aîné assassiné ici même. Je me sentais mal à l'aise d'entendre tout cela. Pourquoi toutes ces horreurs ? Cependant la vieille femme parut de meilleure humeur après avoir délivré ses peines sur la jeune fille que j'étais encore. Voyant ma fatigue, elle m'invita à monter l'escalier fragile afin de se rendre à l'étage, où se situait le lit que je lui avais demandé pour la nuit ; avant cela, la vieille aubergiste me recommanda le silence car un homme exténué dormait en haut. - « Il n'a daigné manger un morceau », se plaignit-elle. Je montai silencieusement et trouvai la chambre libre ; je m'installai sur le lit mais ne trouvai pas le sommeil : des fantômes imaginaires d'une famille défunte me hantaient. Je somnolais ainsi – combien de temps ? -, emprisonnée dans mes pensées funestes ; puis du bruit éveilla mon attention. Je m'assis sur le bord de mon lit et me relevai difficilement, encore étourdie de mon lourd sommeil. Je posai mon manteau sur mes épaules car il faisait étrangement froid et franchit la porte de ma petite chambre, logée à l'étage de l'auberge. Sous mes pieds, les planches craquèrent et un frisson me parcourut le dos. Je descendis l'escalier sans oser appeler quelqu'un de peur d'éveiller du monde pour rien. Je traversai la salle à manger dont la porte principale restait grande ouverte, laissant entrer de la pluie sur les dalles froides de terre cuite. Je m'en approchai et regardai à l'extérieur : de la pluie, des nuages et le tonnerre qui résonnait au dessus de ma tête comme une avalanche interminable. Mes pas me conduisirent ensuite à la cuisine dont les carreaux froids sur mes pieds nus faisaient trembler tout mon corps. Il y avait de la lumière derrière l'autre porte, l'aubergiste devait avoir du mal à dormir... Comme moi. J'allai rebrousser chemin, consciente que je m'étais alarmée pour rien, lorsque je marchais dans un liquide répandu au sol. Je restai figée et mon regard se tourna vers le sol : la faible lumière émanant de la salle à manger me fit remarquer que ce n'était pas de l'eau... Mais du sang. Je m'affolai puis essayai de me résonner en pensant qu'elle était tout simplement là, il suffisait de pousser la porte de bois laqué et je la verrai, assise dans son vieux siège, en train de lire. Puis je portai une main à ma bouche, horrifiée : elle était bien là, mais devant la lumière, affalée sur le sol, une cascade de sang suintant de son cou. Je courrai vers elle, mais à cause d'un geste trop hâtif, je trébuchai lourdement par terre et renversai des porcelaines fragiles qui résonnèrent en se brisant contre la pierre noire. Ma tête buta contre le battant de l'ouverture et celle-ci s'ouvrit en grand pour me laisser voir le salon, où trois oiseaux découpaient de leur bec aiguisé des pièces de viande crue. Surpris, l'un d'eux tourna la tête vers moi, et j'eus le temps de le dévisager : son bec ressemblait à des ciseaux, ses plumes étaient noires comme de la cendre et rouges comme des braises ; ses yeux avaient la couleur du feu, et l'expression de la cruauté de cet élément. Les créatures devaient faire deux têtes de plus que moi, elles avaient toutes trois de longs cous et des griffes sur leurs pattes pleines d'écailles. Le bec de celle qui s'avança vers moi était éclaboussé de sang et de chair. L'oiseau maléfique poussa un cri horrible et aigu qui me transperça les oreilles. Il me regarda d'un air de défi, puis attrapa dans son bec une poutre de fer qui gisait sur le sol, près de la table ; d'un geste énergique, il la lança vers moi et, instantanément, je courrai en direction du mur opposé. Quel idiote ! Ils m'avaient coupé le chemin et j'étais à présent prisonnière dans le salon, devant trois oiseaux carnivores qui me regardaient comme si j'étais leur souper. Maintenant, les créatures s'étaient toutes trois rassemblées en demi-cercle en face de moi, menaçantes, elles avançaient d'un pas sûr, prêtes à me découper en morceaux de leur long bec tranchant. Mon regard tenta de trouver quelque chose qui pouvait les éloigner, le seul élément qui pouvait m'aider était une torche qui illuminait faiblement les pierres rouges qui m'entouraient. Je m'en saisis, mais elle m'échappa et tomba en me brûlant la paume ; je poussai un cri qui, étrangement, fit reculer mes assaillants. Ainsi je la pris à nouveau et la brandis en direction des animaux. Ma main tremblait, et je me doutais bien que ce n'était pas une petite fille de quinze ans qui allait les arrêter. Leur yeux cruels me fixaient toujours, et même davantage, comme si ils désiraient m'hypnotiser. Les trois créatures étaient à distance respectable, semblant me narguer car je ne savais plus où regarder pour me défendre de ces horribles apparitions. J'étais à présent collée au mur, figée et glacée d'effroi. Et puis l'une de ces hideuses bêtes commis une erreur : elle fit quelques pas en avant, prise de peur, je laissai tomber la torche dans sa direction ; aussitôt, un immense mur de flamme s'interposa entre moi et les oiseaux démoniaques. D'où cela venait-il ? Je n'eus pas le temps de réfléchir : j'allai mourir ici, brûlée vive par le feu que j'avais inconsciemment dressé contre moi. C'est à ce moment que j'entendis un bruit à l'étage, mais je n'y prêtai aucune attention. Cependant, le mur rouge-orangé disparut en peu de temps, alors que le plafond avait déjà ravivé la lueur destructrice, les portes étaient consumées, les murs brûlants... Le ciel allait tomber sur ma tête. Je me précipitai dans la cuisine, courrai dans l'escalier et ratai une marche au risque de me casser une jambe. Sous mes pieds les planches menaçaient de s'effondrer ; je regagnai ma chambre afin d'échapper au brasier par la fenêtre. Cependant une pensée s'opposa à mon geste : et l'autre homme ? Celui qui dormait à coté ? Il allait mourir ! Je refusai intérieurement, malgré les dangereuses flammes, de le laisser périr sans avoir essayé de l'aider. Je traversai le couloir, mais dans sa chambre, la fumée était suffocante et je m'aperçus que, vite, je manquerai d'air ; je m'approchai de son lit : les draps défaits, mais personne. J'avais donc tenté de me raisonner pour rien ! Vaincue par la fatigue, la fumée et mes brûlures, je tombai sur les lattes brûlantes. Mes yeux se voilaient alors que des craquements dans le couloir résonnaient sans fin dans ma tête trop lourde pour mon corps exténué.
Dernière édition par Ange le Ven 1 Mai - 10:06, édité 1 fois | |
| | | Ange Mi-Elfe, Mi-Humaine
Nombre de messages : 81 Age : 31 Date d'inscription : 11/10/2008
| Sujet: Re: Ne m'oublie pas Ven 1 Mai - 10:05 | |
| II Lorsque je m'éveillai, j'étais dans un lit. Je mis un certain temps avant de remarquer que j'étais en réalité dans ma chambre, dans la demeure de mes parents, que je n'avais pas revue depuis de longues années. Ma mère était à mon chevet et me regardait d'un air attendrissant : elle n'avait jamais su me punir. Elle m'expliqua qu'on m'avait trouvé, avec des brûlures, évanouie, non loin des décombres d'une auberge dans laquelle étaient décédés un corps et trois étranges oiseaux carbonisés. Bien sûr, elle ne se doutait pas que c'était moi qui avait provoqué l'incendie. - Heureusement que tu as réussi à sortir de ce brasier ! S'exclama-t'-elle pour conclure, avant de me quitter. « Sortir »? Mais je n'étais pas sortie... Quelqu'un m'avait sans doute trainée hors des flammes...L'autre personnage ? Il avait peut-être réalisé ce que j'avais essayé... De toute manière, j'étais vivante, et mon visage à moitié brûlé : je garderai toujours une trace de cet incident. Les jours qui suivirent, je ne cessais de m'interroger sur ce qui m'était arrivé et ce que je ferai par la suite : mon père avait accepté de me garder ici et de me laisser libre choix au sujet de mes études. J'étais résignée : je n'y retournerai pas ; j'avais une vie à mener, libre et seule. J'en avais payé le prix, j'avais perdu mon visage, et je l'acceptais parfaitement. C'est à cette époque que je te rencontrai. Tu avais un beau prénom, doux à prononcer. Pardonne-moi si je ne m'en souviens plus. Tu paraissais enfantin et joyeux à tout moment de la journée ; mais lorsque tu me regardais, là-haut sur mon balcon, je me rappelle encore que j'avais noyé toutes mes flammes dans tes yeux d'argent, que j'avais tout oublié. Pour toi. Les gens ne t'appréciaient pas vraiment, surtout pas les filles : il paraît que tu leur faisais des farces, j'en ris encore à présent. Et puis un soir, nous étions ensemble, seuls. Tu m'as donné un rose, blanche. Dans la même nuit, nous avons retrouvé le corps de mon père, mort, en bas des fenêtres de la vaste demeure. Et mes remords apparurent à nouveau : je regrettais, j'oubliais tout le monde, je t'oubliais ; je voyais à nouveau l'incendie, la vieille femme morte, et mon visage à demi brûlé. Ainsi pendant une semaine je m'enfermai dans ma chambre, ne daignant regarder notre monde et ce qu'il devenait, ne voulant parler à personne, toi y compris... Et pourtant, je t'aimais toujours. Un matin, j'entendis un oiseau sur ma fenêtre ; enchantée, j'allai le voir : il avait la gorge rouge. Je sentis ma tête tourner mais, posée devant moi, derrière les carreaux froids, une rose orangée comme le feu brillait, fière et altière. Je m'en saisis et la serrait contre mon cœur. Tu ne m'avais pas abandonnée. Par la suite, tous les jours, il y avait une rose semblable au même endroit, et qui m'attendait. Toutes ces fleurs étaient pour moi comme un soleil qui resplendissait au dessus de ma tête fatiguée. Un matin, le ciel était froid, un manteau blanc avait recouvert la terre. Ton présent me souriait comme toujours, sur le rebords du verre glacé, éclaboussant de beauté la froideur de l'hiver. Je la glissai dans la paume de ma main et l'attachai sur mon corset ; une pierre en tomba et rebondit sur le parquet avec un bruit cristallin. Je la pris délicatement, c'était en réalité une fine bague montée d'un rubis qui brillait devant le soleil voilé. J'hésitai avant de la glisser délicatement sur mon doigt. Comme venait l'heure du déjeuner, je m'empressai de rejoindre ma mère dans la salle à manger. Dans le couloir, je croisai une suivante, rien d'anormal à cela, mais le regard à demi horrifié et révolté avec lequel elle me toisa me surpris, éveillant en moi des souvenirs oubliés. J'avançai vers elle et lui souris. J'étais perturbée. Qu'est ce qui pouvait bien l'effrayer ? Voyant que je ne comprenais pas, la jeune fille arracha violemment ma rose et la jeta au sol : elle était ensanglantée, la fleur était blanche et éclaboussée de sang frais. Un frisson me parcourut et, ma robe toujours tachée de rouge, je me dirigeai à grands pas vers la cour. Le vent froid frôlait mes cheveux, brûlait mes mains et mes pieds nus, mais je n'hésitai pas à franchir la porte vers le chemin enneigé. Il y avait dans le jardin un vaste rosier blanc, comme la neige, comme les quelque légères fleurs qui l'ornaient silencieusement dans le froid de l'hiver. Sans savoir pourquoi, mes pas m'y amenèrent. Il grimpait le long du mur que la fenêtre de la chambre de ma mère surplombait, semblant m'adresser la parole insolemment. Qui y avait-il donc pour me faire frissonner à cet instant ? Le froid, le silence, la peur. J'effleurais une rose et un de ses pétales glissa dans ma main, doucement : une goutte de rosée y brillait gentiment. A cet instant, je me demandai si le soleil se levai réellement au dessus de les yeux ou si je rêvai, éveillée. Le vent froid qui continuait à me mordre la peau me fit reprendre conscience : mes épaules nues rougissaient de honte devant la bêtise de mon acte, et me firent comprendre que, malgré moi, j'avais froid. - Ah ! Madame, où avez-vous donc l'esprit ? Une suivante avait fait irruption sous les arcs ronds de la galerie qui entourait la cour. Elle s'avança vers moi, un manteau dans les mains. Alors que j'avais tourné mon regard vers elle, je remarquai un détail. Sans réfléchir je lui promis que j'allai immédiatement mieux me vêtir. - Madame ? Qui y a-t'-il donc ? Me questionna la jeune femme. J'étais horrifiée. Qui y avait-t'-il donc ? Là, devant moi, sous le rosier, sous les joyeuses taches d'ivoire, une plus sombre et rouge, comme ma fleur, s'étendait sur la neige, couvrant de son empire funeste la fraîcheur du jardin. Je soulevais les faibles branches alourdies au risque de me faire griffer par leurs épines. Dessous, dans un peu d'ombre qui restait de la nuit gisait tristement un cadavre. Je n'osai m'approcher : encore un mort. Mauvais présage ! Je reculai sans oser jeter un regard vers cette personne envolée pour l'éternité et me sauvai vers la demeure... Derrière mes pas, une rose de nacre trônait tristement, tachée du sang du pauvre personnage. Arrivée dans mes appartements, je versai des larmes comme une rivière sous la tempête. Qu'était-il donc arrivé ? Que t'était-il donc arrivé ? J'arrachai violemment l'anneau de mon doigt et le jetai sur le plancher. Elle tinta à nouveau. Désespérée, j'errais dans les couloirs comme un fantôme oublié. Il faisait froid... Mais peu importe : mon cœur l'était aussi. - Madame ! Je vous cherchais partout ! Je sursautai, perturbée. - On vous demande, continua la suivante, c'est... Votre mère... Elle me conduisit au deuxième étage, dans la chambre de ma mère. Bien sûr ! Pourquoi n'y avais-je pas songé ? Pourquoi n'avais-je pas croisé ma mère depuis ce matin ? Celle-ci gisait là, sur son lit... Pâle et rouge, belle et triste, lumineuse et pourtant sombre. Je m'approchai : son visage était illuminé d'un léger sourire et sur son corsage de velours gris était délicatement nouée une rose, pareille à celle que j'avais eue. De nouveau, mes yeux rouges abandonnèrent des larmes, nombreuses dans mon malheur. Mais enfin, je dus accepter la réalité : moi, l'unique fille de la famille, seule à présent, était, malgré mon jeune âge, l'héritière du château, de la propriété, de la richesse de mes parents. Moi, la jeune adolescente, devait subir le poids d'être orpheline. Cette nuit là, je n'ai pas dormi, j'ai pensé à toi. Que faisais-tu ? M'avais-tu oubliée ? Je ne cessai de m'interroger sur la mauvaise aventure qui m'entourait. A présent j'étais seule, et libre de décider de ce que je ferai, libre de disposer de mon destin comme bon me semblerait. Mais quelqu'un cherchait-il à m'éliminer moi et ma famille ? Le mystère planait autour de mon esprit tourmenté. Figée, je fixai les ornements du plafond, analysant chaque bruit qui m'approchai. Des heures durant, tout se mélangea pour former des mots et des histoires incompréhensibles que moi-même je ne comprenais. Mes songes s'évanouirent et je crus m'endormir, mais j'étais percée tour à tour par des flammes et les cris d'une vieille femme, je m'envolais dans un tourbillon de plumes et de pétales de rose et l'image était éclaboussée de sang ; puis je retombai dans une chute vertigineuse et interminable ... Je n'étais plus moi, mais une ombre que je n'avais jamais connue. Je me trouvais effondrée sur le plancher brûlant, et des bruits de pas résonnaient dans le couloir. Je me levai instantanément, échappant de mon cauchemar ; mon cœur battait plus vite que je réfléchissais. Des bruits de pas... Des bruits de pas... J'étais étourdie... Mais j'entendais vraiment des bruits de pas ! Je courrai en dehors de ma chambre, arrêtai mon mouvement et fit le silence. Ils venaient du grenier et, pour n'éveiller personne, je courus silencieusement vers l'échelle qui menait à l'étage supérieur. La réserve avait un toit bas et bancal, un vent froid y pénétrait par intervalles, remuant doucement ma robe de dentelle noire. Je m'approchai de la lucarne, restée ouverte et admirait un instant les étoiles qui animaient le ciel sombre d'un éclat joyeux. Il n'y avait plus de pas. Je tentai de regarder à l'extérieur ; le vent remuait mes cheveux doucement. Une pierre roula sur le toit : quelqu'un marchait au dessus de moi. Déterminée, je sautai de l'ouverture sur le toit. Même si mes pieds glissaient sur les tuiles glacées, je gardai un équilibre dangereux devant celui qui me dévisageait à présent : un homme dont la cape sombre cachait le visage. - C'est vous qui avez tué mes parents ! Criai-je. L'écho de ma voix me suivit. Il ne bougea pas. Je m'avançai vers lui et, comme pour me narguer, il recula sur l'arrête du toit. Évidemment, sans réfléchir, je continuai mon geste,et lui également. Arrivée sur le haut de la toiture, je me tenais debout, à quelques mètres de lui. Puis, pas à pas, je tentai de l'approcher. Lui – peut-être avait-il peur de m'effrayer - ne bougeait pas, mais, à une certaine distance, il commença à s'éloigner de moi et, comme si c'était ce qu'il attendait, je me lançai rapidement à sa poursuite, habituée à cet équilibre et à la glace qui me rongeai la plante des pieds. Il était rapide, lui. La lune nous regardait, suspendue dans l'océan noir qui nous entourait. Ses pas étaient silencieux et rapides, et les miens hésitants et maladroits, mais j'avais la volonté de le suivre, il serait bloqué sur l'autre côté de la maison. Arrivé sur le bord du toit, il s'arrêta une seconde à peine, me regarda, comme pour me parler par la pensée puis se retourna et glissa dans le vide. - Non ! Ce cri s'échappa faiblement de ma gorge. Je n'eus pas le temps de stopper ma course : je vacillai sur le bord de la toiture et, à mon tour, tombai. C'est étrange cette sensation de savoir que l'on va mourir sans pouvoir y faire quelque chose. Je fermai les yeux ; la chute me paraissait interminable... De toute manière, j'allai rejoindre mes parents de la même manière qu'ils m'avaient quittée. Je crus mourir mais je tombais dans ses bras. Il avait glissé, mais était tout aussi vivant que moi. Voyant que j'avais peur, il me posa délicatement dans la neige humide. Je le toisai toujours, stupéfaite, apeurée, prête à m'évanouir. La lune tourna ses yeux vers nous et éclaira son visage : il portait un masque étincelant, rouge et doré, à l'expression figée. Sur son front, une pierre rouge trônait étrangement. Il me tendit la main et m'aida à me relever, puis toucha de sa main gantée mon visage brûlé. Je baissai le regard. Il me releva le menton, se saisit d'une branche sèche dans la neige et l'enflamma comme par magie. Il me la tendit. Sans oser m'opposer, je l'attrapai et m'éloignai ainsi qu'il me fit signe. Quand je me retournai, à l'abri sous la galerie de la cour, il n'était plus là, et lorsque, dans ma chambre, je tentai de percer la nuit de mes faibles yeux fatigués, je le trouvai debout sur le toit. *** Maintenant je sais que c'est lui qui m'a sauvée, dans l'auberge. Et que depuis il me suit. Je sais que c'est lui qui a tué mes parents, même s'il ne me l'a pas avoué ; je ne sais pourquoi, cependant, je lui pardonne cet acte... Il est bien différent de nous. J'ai trouvé quelqu'un qui m'aime vraiment. C'est pourquoi, j'ai décidé de sacrifier ce qui me restait encore pour être comme lui, une demoiselle sans visage. Alors si une nuit tu croises une jeune fille avec un masque d'or et de sang, pense à moi. Je ne suis pas partie, j'ai offert ma vie à l'éternité, je ne t'oublierai jamais. Je t'offre tout ce que j'ai, même mon cœur. J'ai abandonné la cruauté du temps. Je ne suis pas un monstre ; je suis une fille qui se sentait seule. Toutes les larmes versées par mes yeux n'auraient suffi remplir la rivière qui m'aurait portée jusqu'à toi. Je pars avec quelqu'un qui m'aimera à jamais. Je t'aime. Adieu. Ne m'oublie pas. ~~~~~~ | |
| | | naniquolas Nains
Nombre de messages : 1105 Age : 30 Localisation : j'habite à Nantes, en Picardie, prés de Bayonne. Vous voyez à peu près où c'est ? Date d'inscription : 27/05/2007
| Sujet: Re: Ne m'oublie pas Ven 1 Mai - 15:08 | |
| J'adore. Et je peut te dire que quand on a l'habitude de lire Wen, un peu d'orthographe fait le plus grand bien^^ ! Franchement, j'aime beaucoup. ... Vampires ? | |
| | | Ange Mi-Elfe, Mi-Humaine
Nombre de messages : 81 Age : 31 Date d'inscription : 11/10/2008
| Sujet: Re: Ne m'oublie pas Ven 1 Mai - 17:42 | |
| Merci ^^. Je fais toujours attention à l'orthographe ( surtout cette fois-ci ). Non, pas vampires, arlequins ( les trucs du rp ). Il serait temps que je vous explique ce que c'est vraiment. | |
| | | naniquolas Nains
Nombre de messages : 1105 Age : 30 Localisation : j'habite à Nantes, en Picardie, prés de Bayonne. Vous voyez à peu près où c'est ? Date d'inscription : 27/05/2007
| Sujet: Re: Ne m'oublie pas Ven 1 Mai - 20:55 | |
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| | | Lune Poètesse de Lumière
Nombre de messages : 252 Date d'inscription : 04/04/2009
| Sujet: Re: Ne m'oublie pas Sam 2 Mai - 9:30 | |
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| | | Ange Mi-Elfe, Mi-Humaine
Nombre de messages : 81 Age : 31 Date d'inscription : 11/10/2008
| Sujet: Re: Ne m'oublie pas Sam 2 Mai - 18:14 | |
| En rapide ( comme ça vous comprendrez au moins un peu mieux ) les arlequins, ou jokers ( on leur donne plusieurs noms ) sont des créatures masquées... Je pense que vous l'avez compris. Mais leur masque est en quelque sorte implanté dans leur visage, on peut pas l'enlever. Ces créatures sont des humains, ou autres races, auxquelles on a brûlé le visage et fusionné ce masque. Ils peuvent contrôler différents éléments ( feu, air, eau, terre... etc ) ce qui définit leur apparence et leur donne des pouvoirs particuliers. Celui de la nouvelle était un arlequin du feu. Il en existe qui ne sont liés à aucun élément, mais ils sont beaucoup plus faibles. Cette race ( c'est devenu une race sur Phoenix ) a une technique sadique pour se multiplier et gagner du pouvoir : les victimes métamorphosées conservent leurs pouvoirs et parfois même gagnent de l'agilité ou des trucs comme ça... ainsi, ils ont tendance à s'attaquer aux magiciens ou aux élèves d'écoles de magie ( je me sens concernée ). Chaque groupe définit par un élément à deux chefs : un couple de arlequins. Celle qui dirige tout cela est la Duchesse Isabella, qui pour se venger ( elle aussi a une longue histoire ) veut reconquérir la planète avec ses créatures maléfiques. On dit souvent que les arlequins n'ont pas de conscience, ce qui est un peu vrai car ils obéissent entièrement à leurs maîtres. C'est pourquoi l'histoire est plutôt tragique ( seule moi et quelques personnes pouvaient comprendre cela ) car la jeune fille décide de devenir elle aussi un arlequin pour suivre l'homme qui l'aime ( de manière étrange ) et ainsi c'est comme si elle se suicidait. | |
| | | naniquolas Nains
Nombre de messages : 1105 Age : 30 Localisation : j'habite à Nantes, en Picardie, prés de Bayonne. Vous voyez à peu près où c'est ? Date d'inscription : 27/05/2007
| Sujet: Re: Ne m'oublie pas Sam 2 Mai - 18:52 | |
| Et donc le mec du jdr est aussi un arlequin. | |
| | | Ange Mi-Elfe, Mi-Humaine
Nombre de messages : 81 Age : 31 Date d'inscription : 11/10/2008
| Sujet: Re: Ne m'oublie pas Sam 2 Mai - 19:08 | |
| Celui dans l'école, oui. Et la fille un demi-arlequin ( elle s'est échappée au bon moment ^^ ) mais elle ne fait pas partie de leur race et n'est pas "méchante" | |
| | | naniquolas Nains
Nombre de messages : 1105 Age : 30 Localisation : j'habite à Nantes, en Picardie, prés de Bayonne. Vous voyez à peu près où c'est ? Date d'inscription : 27/05/2007
| Sujet: Re: Ne m'oublie pas Sam 2 Mai - 20:49 | |
| le principe c'est donc "il faut sauver la jeune fille poursuivi par le méchant arlequin qui veut la tranformer en personne de sa race ?" | |
| | | Lune Poètesse de Lumière
Nombre de messages : 252 Date d'inscription : 04/04/2009
| Sujet: Re: Ne m'oublie pas Dim 3 Mai - 12:18 | |
| Tout de suite c'est plus clair ! | |
| | | Ange Mi-Elfe, Mi-Humaine
Nombre de messages : 81 Age : 31 Date d'inscription : 11/10/2008
| Sujet: Re: Ne m'oublie pas Dim 3 Mai - 17:13 | |
| ^^. Non en fait la fille est venue pour prévenir les gens de l'école du danger que représentent les créatures... Le arlequin est là pour les élèves . | |
| | | naniquolas Nains
Nombre de messages : 1105 Age : 30 Localisation : j'habite à Nantes, en Picardie, prés de Bayonne. Vous voyez à peu près où c'est ? Date d'inscription : 27/05/2007
| Sujet: Re: Ne m'oublie pas Dim 3 Mai - 19:08 | |
| ah, d'accord. Le jeu de rôle aurait pu être intéressant. Si seulement Era se décidait à répondre. | |
| | | Wensaïlie Elfes
Nombre de messages : 2710 Age : 32 Date d'inscription : 17/04/2007
| Sujet: Re: Ne m'oublie pas Ven 26 Juin - 8:56 | |
| excellente cette nouvelle. J'ai un peu de mal à comprendre cependant tous les morts... qui été sous le rosier? enfin, en ce moment on est versé dans le sang dis donc!! J'apprécie les explications sur les hommes masqués, on comprend mieux c'est une très bonne idée d'avoir créait ses (charmantes) personnes!! j'espère que tu écriras d'autre histoire sur les Arlequins, pour qu'on les connaissent mieux. première personne de l'imparfait => il n'y a pas un s?.... il me semble bien que si http://www.leconjugueur.com/php5/index.php?v=vendre c'est ta seule faute | |
| | | Ange Mi-Elfe, Mi-Humaine
Nombre de messages : 81 Age : 31 Date d'inscription : 11/10/2008
| Sujet: Re: Ne m'oublie pas Ven 26 Juin - 9:31 | |
| ¨Merci ^^ Sous le rosier c'était sa mère, tombée de sa fenêtre comme son père ; après elle va la retrouver dans sa chambre ; morte. Sinon en ce moment je suis entrain d'écrire une autre nouvelle, même si je décompresse à la fin de l'année scolaire, je n'ai pas le temps en ce moment pour cause de révisions, mais je me mettrai à l'écrire à partir du mois de juillet sans doute. ( le genre sera très différent ). Je vous préviens tout de suite ( un de mes profs avait déjà fait la remarque ^^ ) je suis orientée vers les écrits noirs ; ça se voit bien *_* | |
| | | naniquolas Nains
Nombre de messages : 1105 Age : 30 Localisation : j'habite à Nantes, en Picardie, prés de Bayonne. Vous voyez à peu près où c'est ? Date d'inscription : 27/05/2007
| Sujet: Re: Ne m'oublie pas Ven 26 Juin - 21:37 | |
| Tiens donc, tu révises finalement ? Wen qui corrige des fautes d'imparfait, c'est la fin du monde^^ ! | |
| | | Ange Mi-Elfe, Mi-Humaine
Nombre de messages : 81 Age : 31 Date d'inscription : 11/10/2008
| Sujet: Re: Ne m'oublie pas Sam 27 Juin - 8:51 | |
| Disons que parfois je m'embrouille entre l'imparfait et le passé simple mais j'ai vraiment la flemme de me relire T_T Et, oui, je révise ( 2 jours à l'avance ) c'est pas encore les vacances pour certains. quoique... | |
| | | Wensaïlie Elfes
Nombre de messages : 2710 Age : 32 Date d'inscription : 17/04/2007
| Sujet: Re: Ne m'oublie pas Dim 28 Juin - 9:46 | |
| Ouais la prochaine parlera de quoi? oui ça se voit bien = =" | |
| | | naniquolas Nains
Nombre de messages : 1105 Age : 30 Localisation : j'habite à Nantes, en Picardie, prés de Bayonne. Vous voyez à peu près où c'est ? Date d'inscription : 27/05/2007
| Sujet: Re: Ne m'oublie pas Dim 28 Juin - 19:55 | |
| Wen a dit : Ouais la prochaine parlera de quoi? Moi pas comprendre... | |
| | | Ange Mi-Elfe, Mi-Humaine
Nombre de messages : 81 Age : 31 Date d'inscription : 11/10/2008
| Sujet: Re: Ne m'oublie pas Dim 28 Juin - 20:45 | |
| La prochaine nouvelle ! Elle parlera d'une femme qui se réveille dans un hôpital, ne se souvenant plus de rien de sa vie antérieure, et qui va peut à peut découvrir dans d'étranges circonstances des choses surprenantes sur son passé et sur la raison pour laquelle elle a perdu la mémoire. Je réserve la surprise, mais j'ai préparé une chute vertigineuse pour la fin du texte ^^ | |
| | | Wensaïlie Elfes
Nombre de messages : 2710 Age : 32 Date d'inscription : 17/04/2007
| Sujet: Re: Ne m'oublie pas Lun 29 Juin - 11:48 | |
| ah! j'ai hâte de la voir! | |
| | | Ange Mi-Elfe, Mi-Humaine
Nombre de messages : 81 Age : 31 Date d'inscription : 11/10/2008
| Sujet: Re: Ne m'oublie pas Lun 29 Juin - 13:14 | |
| Ne t'impatiente surtout pas -_-" | |
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| Sujet: Re: Ne m'oublie pas | |
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| | | | Ne m'oublie pas | |
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